Le lâcher prise

Apprendre à lâcher prise

Ah le mot magique « lâcher prise ». Vous voudriez bien y parvenir, mais ce n’est pas si simple. Vous avez l’impression que « le lâcher prise » est un cliché du développement personnel. Et plus on vous recommande de le faire, plus ça a tendance à vous agacer.

Alors comment apprendre à lâcher prise ? Par quelles étapes passer pour se libérer enfin de cette pression qui pèse sur nous  et arrêter de stresser?

Pourquoi apprendre à lâcher prise est nécessaire ?

Il y a de nombreuses occasions dans la vie que nous ne pouvons pas contrôler. Au-delà de ce contrôle, on peut avoir tendance à vouloir que certaines choses se passent de telle ou telle façon.

On s’accroche à des idées reçues, à des façons de faire, des façons d’être. En plus de créer une énorme tension en nous, cela peut finir par agacer notre entourage.

Si on n’accepte pas de lâcher prise sur certaines situations, nous finissons par nous mettre une pression énorme. D’autant plus si nous finissons par accumuler le manque de lâcher prise de plus en plus souvent. Vous entrez alors dans une réaction de stress, avec tous les impacts sur votre organisme.

Pour illustrer l’avantage du lâcher prise, je vais vous raconter une petite histoire :

En Indonésie, pour capturer certains singes, on place du riz dans une citrouille. Pour accéder au riz, le singe doit passer sa main dans une petite ouverture. Mais quand il ferme son poing sur le riz, son poing est trop volumineux pour sortir par le trou. Le singe est piégé. Il pourrait desserrer la main pour se libérer, mais il reste accroché à cette petite poignée de riz…ça lui coûtera sa liberté.

Quand on s’accroche, et qu’on refuse de lâcher prise sur certaines choses, on est comme ce petit singe : prisonnier. L’attitude du lâcher prise se cultive, et se nourrit en acceptant d’ouvrir la main fermée sur certaines choses : des situations, des personnes, des façons de faire.

Le lâcher prise, c’est quoi ?

Au niveau étymologique, lâcher signifie : « laisser aller en relâchant, en déliant ce qui retient ». Quand on laisse aller ce qui retient, c’est une libération.

Malheureusement, vous n’êtes pas toujours conscient d’être en train de « tenir ». Pour vous en rendre compte, examinez toutes les situations que vous cherchez à contrôler. Se délester de cette tendance amène du relâchement, de la sérénité, une ouverture à la vie. Car vouloir tout contrôler est utopique.

Le lâcher prise, c’est une libération psychologique consistant à se détacher du désir de maitrise. Cette volonté de tout maitriser se caractérise souvent par une peur de perdre le contrôle.

Parfois, vous ne parvenez pas à accepter vos limites : vous voulez tout faire, tout maîtriser, tout connaitre. C’est aussi le cas lorsque vous laissez votre égo maitriser vos pensées : « moi je ne veux pas que ce soit comme ça ! ».

Vous pouvez aussi avoir tendance à penser que lâcher prise est une faiblesse, une lâcheté. Et ce désir de contrôle vous rassure, vous avez l’impression que cette maîtrise de tout vous donne du pouvoir. Pourtant, cela vous met une pression énorme, sans possibilité de souplesse, d’ouverture à ce qui est.

Une citation illustre très bien le lâcher prise :

« Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer, et la sagesse d’en voir la différence »

En acceptant la réalité telle qu’elle est, en acceptant de se libérer du désir de perfection, on retrouve du calme et la paix intérieure.

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Comment apprendre à lâcher prise ?

Prendre conscience :

Une des premières choses à faire pour apprendre à lâcher prise, est de prendre conscience de tous les moments de contrôle.

Vous pouvez commencer par lister toutes les situations qui ont tendance à vous agacer, et que vous avez du mal à lâcher. Cet exercice de prise de conscience vous aidera à accepter ce désir de contrôle (pour ensuite vous en libérer).

Être conscient des situations pendant lesquelles vous vous acharnez à vouloir que les choses soient différentes. Cette prise de conscience vous permettra de prendre du recul sur la situation.

Vous pourrez alors vous poser les bonnes questions : « est ce que je peux faire quelque chose ? ». Vous pouvez alors renoncer à cet acharnement, et accepter que vous ne pouvez pas toujours maîtriser une situation, ou une personne.

Ne pas contrôler ne signifie pas que vous renoncez complètement, mais que, dans un premier temps, vous acceptez de ne pas avoir le contrôle. Si vous constatez que vous pouvez changer certaines choses, faites-le, sinon, renoncer sera la meilleure option.

Faire le deuil des conditionnements

Nous sommes tous soumis à certains conditionnements. Que ce soit à travers notre histoire, nos expériences passées, mais aussi nos croyances. Nous pouvons aussi avoir des jugements sur certaines situations ou certaines façons de faire.

Nous pouvons penser que certaines choses doivent se passer de telle manière, que nous devons être bons partout, tout réussir, et du coup, tout maitriser.

Vous pensez que vous devez maitriser tous les aspects de votre métier ?  (Si ce n’est pas le cas, vous pensez que vous êtes un mauvais professionnel). Vous pensez que si vous ne faites pas tout vous-même, ce sera mal fait ?

Tous ces jugements, ces à priori, vous oblige à vouloir tout maitriser, et vous ne parvenez pas à lâcher prise. Prendre conscience de ces jugements, de ces croyances, et des pensées qui les accompagnent, est déjà une première étape pour apprendre à lâcher prise.

Surveillez toutes les fois où vous vous dites : « je dois », « il faut ». Vous aurez ainsi des pistes à explorer.

Il s’agira ensuite de surveiller ces discours intérieurs, toutes ces pensées parasites, ces ruminations qui déclenchent une réaction de stress pour vous. D’ailleurs, les moments où vous ressentez ce stress sont de bons indicateurs à explorer. Tous les sujets sur lesquels vous avez tendance à ruminer pendant des jours sont aussi des sujets à examiner.

Une fois que vous aurez identifié vos croyances, et les sujets que vous souhaitez maitriser absolument, faites le deuil.

Faites le deuil de la femme parfaite, ou de l’homme parfait. Accepter que vous ne pouvez pas tout connaitre, tout savoir, tout faire. Faites le deuil du monde idéal (et utopique) où tout marche parfaitement, sans accroc.

Les zones de contrôle :

Vous ne pouvez pas tout maitriser, mais il y a certaines choses sur lesquelles vous pouvez avoir un impact. Apprenez à distinguer vos zones de contrôle, et les zones de non contrôle. Et au lieu de vous acharner à essayer de contrôler ce qui ne peut l’être, concentrez vous sur vos zones de contrôle et d’action.

De la même manière, il y a des domaines dans lesquels vous êtes performants, et d’autres moins. Ce sont vos forces et vos faiblesses. Au lieu de dépenser beaucoup d’énergie à améliorer vos faiblesses, faites l’inverse : augmenter encore vos forces. Cela vous demandera beaucoup moins d’efforts pour des résultats plus concrets.

Les outils pour apprendre à lâcher prise

La respiration

Quand la pression est là, que vous sentez que le stress monte, et que les émotions négatives ne sont pas loin, la respiration peut vous aider.

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Comme le désir de contrôle amène énormément de tensions, vous pouvez facilement entrer dans une réaction de stress, votre respiration s’accélère, votre rythme cardiaque est plus rapide.

Pour enrayer cette réaction de stress, respirez. Une pratique qui permet le relâchement ; la technique de la respiration ventrale :

  • Asseyez-vous confortablement, ou allongez-vous
  • Posez vos deux mains sur votre ventre, en fermant les yeux
  • Faites une grande expiration lente en gonflant votre ventre
  • Puis une grande expiration lente en relâchant toutes les tensions du corps.

Faites cela plusieurs fois, en libérant toutes les tensions musculaires : dans le visage (mâchoires, front, yeux), dans les épaules, le dos, les jambes.

Cette respiration va aider votre système nerveux à entrer en mode du relâchement. Et la pression diminuera, au moins corporellement.

Guérir les blessures, et les vieilles rancœurs

Vous pouvez avoir du mal à lâcher prise sur des événements anciens, et ressasser certaines blessures. Vous devez vous rappeler que votre colère ou votre envie de vengeance n’affecte que vous. La personne contre laquelle cette rancœur est destinée n’est pas affectée par cela.

Quand vous gardez de vieilles blessures, ou de vieilles rancœurs, c’est vous qui souffrez en générant des émotions négatives : haine, colère, désir de vengeance. Prenez le temps d’accorder votre pardon. Cela ne veut pas dire que vous devez aimer cette personne, mais simplement pardonner ses actes.

Vous pouvez faire un exercice de visualisation pour vous libérer :

  • Installez vous confortablement, et fermez les yeux
  • Visualisez un symbole de la situation sur laquelle vous ressentez encore de la rancœur et ressentiment négatif : un visage, un objet, un lieu qui caractérise cette situation.
  • En gardant les yeux fermés, imaginez ce symbole qui s’éloigne, au loin, jusqu’à devenir un tout petit point à l’horizon.
  • Respirez amplement, et sentez la libération du corps et du mental.

Vous pouvez installer des rites réguliers autour d’une situation, si une seule fois ne suffit pas. Si la situation est ancienne, et qu’elle vous a beaucoup heurté, plusieurs visualisations seront sans doute nécessaires pour prendre de la distance.

Vous pouvez aussi faire une visualisation, en vous imaginant libéré du problème qui vous perturbe. Cela ne résoudra pas le problème, mais vous permettra de commencer à lâcher prise, et de faire baisser la tension corporelle.

Vivre dans le moment présent

Quand vous cherchez à contrôler, vous êtes souvent dans le futur ; vous aimeriez que la situation soit comme vous le voulez, mais vous n’êtes pas dans l’acceptation de ce qui est.

En pratiquant la conscience de l’instant présent, vous apprenez à accepter les choses telles qu’elles sont. C’est le début pour apprendre à lâcher prise. Cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas agir, mais vous pouvez desserrer un peu cette pression que vous vous imposez.

En étant dans l’ici et maintenant, vous acceptez vos propres limites, et celles de votre zone d’action. Vous devenez plus conscient de ce que vous pouvez faire et de ce que vous ne pouvez pas maitriser.

La méditation de pleine conscience pour être dans le présent

La pratique de la méditation de pleine conscience vise à être conscient de nos expériences, au moment où elles se déroulent.

En pratiquant régulièrement, vous cultivez certaines attitudes, donc le lâcher prise. Vous cessez de vous acharner à vouloir changer les choses, pour être plus conscient de ce que vous vivez, dans l’instant présent. Pour pratiquer, vous pouvez assister à des cours, avec un instructeur, pour vous guider.

La vie est faite de changements permanents, vous ne pourrez jamais tout contrôler, et l’adaptation à ces changements passe par l’acceptation.

Il ne s’agit pas ici de devenir zen à tout prix, mais de savoir relativiser, pour adopter une attitude détachée lors des moments hors de notre zone de contrôle.

Et vous, sur quels sujets avez-vous le plus de mal à lâcher prise ?

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14 réflexions sur “Apprendre à lâcher prise”

  1. Laura de Ma Petite Forêt

    Merci pour cet article qui fait le point sur cette expression qui, à force d’être entendue, a tendance à perdre de sa force ! Lâcher prise, en ce qui me concerne, passe par une recentration de quelques secondes sur ma respiration, ou quelques minutes de pause méditative en forêt, qui me permettent de relativiser pour la suite 🙂

    1. Oh, yes, comme cela me parle, Laura, cette conscience de ce qui est et qui permet de prendre le recul nécessaire sur la suite. Et forcément, de s’apercevoir quand on s’accroche trop. Et tu pratiques cela dans ta « petite forêt ». J’invite d’ailleurs tout le monde à visiter ton magnifique blog « mapetiteforet ». A bientot, Isabelle

  2. L’image du singe est très parlante. Pour ma part, j’ai appris à me poser la question : est-ce que j’ai le pouvoir de changer quelque chose ? Si oui, je vois comment faire, si non je passe à autre chose 🙂

    1. Merci Anna. J’aime beaucoup aussi ce conte sur le singe, je trouve aussi qu’il est tellement parlant. C’est une super astuce cette question. Parfois on n’arrive pas à passer à autre chose, alors, je trouve que c’est aidant de se demander si ça vaut le coup de se prendre autant la tête sur ce truc, qu’on aura peut-être oublié dans quelques jours. Merci pour ce commentaire.

  3. Merci pour ces pistes d’exercices. Cela rejoint des notions comme le stoïcisme ou ma devise du moment « Dans la Vie, il faut choisir ses combats », ceux sur lesquels on peut vraiment avoir une influence positive. Le reste, il faut passer son chemin !

    1. Choisir ses combats, j’adore cette expression, elle résume bien les choses tant on peut avoir tendance à se battre pour un truc qui n’en vaut pas la peine. Merci pour cette éclairage.

  4. Merci pour ce chouette article. Ça me parle vraiment, car j’essaye de lâcher prise sur pas mal de chose et ce n’est pas facile pour moi qui aime toujours tout maîtriser ! « Lâcher prise », « Lâcher prise », on entend cette expression à tout bout de champ, oui, mais mais comment on fait ? ici tu livres des astuces et conseils qui me paraissent intéressants et que je vais essayer de mettre en place.

  5. J’avoue être en plein dedans en ce moment… par rapport à mon boulot (et ce n’est pas évident car il y a aussi – et surtout – l’aspect financier qui joue… un peu trop à mon goût ^^). Pour ma part, je pratique déjà les exercices de respiration (avec ma montre connectée), c’est vrai que ça fait du bien ! Merci pour ces conseils, en tout cas 🙂

    1. Merci Yannick, pour ce commentaire. Qu’est ce qui pourrait arriver au niveau financier? Si vous imaginez le pire? que pourriez vous faire? Quelles options se présenteraient? Parfois avoir déjà un plan d’action en envisageant le pire est une bonne option pour se lâcher un peu la grappe sur un sujet. 😉
      Par ex, quand j’ai créé ce blog, j’étais souvent focalisé sur les résultats, et puis, je me suis dit : ok, pourquoi tu fais ça? qu’est ce qui est plaisant dans le blogging. Et je me suis concentré sur le plaisir d’écrire, plutot que sur les résultats. Autre ex : j’ai démarré une nouvelle activité, sans être certaine que ça marcherait, et je me suis dit : ok, si ça marche pas, je retourne faire de l’intérim, et ça m’a libéré. ça voulait pas dire que j’abandonnai, juste que je me donnai une option. j’espère que ça vous aide 😉

  6. Wow ! J’adore cet article et l’image du singe est géniale.

    Je suis d’accord avec ce que tu écris et les pistes que tu développe son intéressantes.
    Pour ma part je me pose 2 questions lorsque je vis une situation délicate. Le non a l’une d’entre elles désactivant toute tentative de résister.

    Est-ce que cette situation a un impact sur mon futur ?
    Si oui, puis-je influencer cette situation ?

    Merci pour ces excellents conseils

    1. Merci Jody, ravie que l’article t’ait autant plus. J’adore ton commentaire, qui donne encore des ressources à ceux qui passeront par là. Merci, ce sont deux excellentes questions.

  7. Encore une chose que l’école ou les parents (enfin, pas tous), ne nous apprennent pas, VIVRE LE MOMENT PRESENT !
    Je pense que connaitre CE CONCEPT, permet de relativiser d’avantage, et ainsi lâcher prise sur ce qui n’est plus, ou n’est pas important.
    Je trouve que vous expliquez très bien comment lâcher prise.

    1. Merci Marie. Pour que les parents transettent, encore faudrait-il qu’ils connaissent ce concept. Et ils sont très très peu à le connaitre. je l’ai remarqué en accompagnant les enfants en méditation. Merci pour votre commentaire.

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