Apprendre à pardonner

Apprendre à pardonner

Apprendre à pardonner, ce n’est pas toujours facile. Et pourtant, pouvoir pardonner, c’est se donner la capacité de passer à autre chose, se libérer de ce qui nous a fait du mal et se permettre de vivre une vie plus épanouie, plus sereine. Demander pardon, c’est tourner la page sur des expériences négatives qui peuvent nous ronger de l’intérieur. Ce processus peut sembler difficile, et parfois impossible, mais pardonner, c’est aussi se pardonner à soi-même, se libérer de l’amertume, de la rancune, pour pouvoir avancer dans la vie. Pardonner, c’est arrêter de souffrir pour des actes du passé, et se permettre d’avancer. Dans cet article, nous explorerons les étapes pour pardonner, pourquoi c’est important et parfois si difficile à faire.

Pourquoi il est important d’apprendre à pardonner ?

Une remarque acerbe, une dispute, une trahison, et vous voilà en train de ressasser encore et encore sur le mal qu’on vous a fait. Le pardon, c’est libérer ces rancunes tenaces, ces discours intérieurs néfastes pour vous. Les scientifiques se sont penchés sur le pardon, et le résultat est sans appel : pardonner, c’est bon pour votre santé.

Comment le pardon influence notre cerveau quand nous ressassons encore et encore ? Pensant cette phase, vous revivez la scène, avec toutes les émotions associées. Cela renforce vos pensées négatives, avec la souffrance qui va avec. Au bout d’un moment, la souffrance n’est plus liée à ce qu’on vous a fait, mais à vos pensées ; vous vous faites souffrir en ravivant encore et encore cette expérience. Et ça altère votre santé cardiovasculaire, votre sommeil, et augmente la sécrétion des hormones du stress, avec leur impact sur la santé.

Quand nous pardonnons, vous activons des zones du cerveau liées à la régulation des émotions et à l’empathie, améliore notre santé cardiovasculaire (notamment la tension artérielle), réduit notre stress, améliore notre résilience. Pardonner contribuerait même à augmenter notre longévité. Mais parfois, on n’arrive pas à pardonner. Souvent parce qu’on a cette croyance : pardonner, ce serait oublier le mal qu’on nous a fait. Ce n’est pas le cas.

Pardonner aux autres, ce n’est pas oublier le mal qu’on a subi

On confond souvent le pardon avec l’excuse. Pardonner, ce n’est pas excuser le comportement d’une personne, ce n’est pas non plus oublier ce qu’on a subi. On pense aussi que pardonner, c’est être obligé de se réconcilier avec quelqu’un qui nous a fait du mal. Mais vous pouvez pardonner à quelqu’un sans jamais revoir cette personne, et même sans jamais excuser ce qu’elle a fait.

Quand on refuse de pardonner, on cultive des pensées de rancœur, de vengeance, et on se fait davantage de mal qu’à la personne concernée. La plupart du temps, la personne qui vous a fait du mal ne sait même pas que vous lui en voulez. Pardonner n’est pas minimiser ce que vous avez subi, pardonner aux autres n’est pas oublier non plus. Pardonner, c’est un acte d’ouverture à nouveau aux autres, c’est vous donner l’opportunité de passer à autre chose. C’est un processus de guérison et de lâcher prise pour le préjudice subi.

Apprendre à pardonner, c’est parfois long et difficile. Pardonner, ce n’est pas être dans le déni, pardonner veut dire s’ouvrir à nouveau à la vie. Et il y a plusieurs étapes pour y parvenir, voyons lesquelles.

Comment apprendre à pardonner

Apprendre à pardonner - comment apprendre à pardonner
Apprendre à pardonner, c’est aussi se libérer des liens avec la personne qui nous a blessé.

Ce serait facile si pour apprendre à pardonner, il suffisait de le vouloir : hop ! je passe à autre chose. Mais ce n’est pas si simple, et c’est pour cela que nous pouvons avoir parfois du mal à le faire. Pardonner, ça demande un peu de temps, parfois beaucoup. Et c’est souvent selon le degré de préjudice qu’on a subi, selon la souffrance que ça a causé en nous, et les conséquences que ça a eu sur notre vie.

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On aura toujours plus de mal à pardonner quand le préjudice vient de quelqu’un qui nous est cher : un parent, un enfant, une super copine. Pour parvenir à pardonner, il est important de comprendre le processus de pardon en 7 étapes. 

Mettre fin à la souffrance

Pour apprendre à pardonner, encore faut-il ne plus être dans la souffrance. Si vous êtes encore en train de subir, vous ne pouvez pas pardonner. Le pardon peut commencer seulement une fois que vous êtes sorti de la situation et que vous avez commencé à aller mieux. Tant qu’on est encore dans la souffrance d’avoir été trahi, malmené, chahuté, moqué, on ne peut pas passer à autre chose. Le faire, ce serait ignorer cette souffrance toujours présente et s’empêcher de la guérir.

Prendre conscience du préjudice

Parfois, pour ne pas ressentir la souffrance que nous a provoqué un affront, une trahison, on préfère ignorer sa propre souffrance. On a tendance à rationnaliser, à normaliser ce qu’il nous est arrivé. On se dit que ce n’est pas si grave, qu’il y a pire que nous. Cette attitude nous empêche de libérer la souffrance et de passer à autre chose. On finit par se sentir mal, sans prendre conscience qu’on a oublié de prendre en compte ce préjudice subi, mais notre corps n’oublie pas. Il faut prendre conscience qu’on a subi un préjudice, et que quelqu’un est responsable. C’est une étape indispensable pour pardonner ensuite.

Exprimer nos émotions

Il peut y avoir beaucoup d’émotions différentes qui se manifestent, et c’est tout à fait normal. On peut ressentir de la colère, de la tristesse, de la déception ou de la frustration. Et on peut aussi avoir tendance à les refouler, ce qui nuit au pardon. C’est important de pouvoir exprimer ce qu’on ressent à la personne concernée et si ce n’est pas possible, on peut l’écrire dans un journal, une lettre ou en parler à quelqu’un. Exprimer ses émotions, c’est savoir les identifier clairement pour reconnaitre quel est le besoin qui a été bafoué.

Arrêter de se sentir responsable

Une des attitudes les plus fréquentes quand on est une victime c’est de se sentir responsable ; on refait le scénario à l’infini en imaginant une autre issue. Pourtant, cette attitude nous empêche de reconnaitre qu’on n’a pas la main sur le comportement des autres. Ça nous donne une illusion de tout puissance qui nous empêche d’accéder à l’acceptation et au pardon. C’est une manière de se blâmer qui détruit l’estime de soi et n’aide pas à la réparation.

Développer l’empathie

Apprendre à pardonner - empathie
Cultiver l’empathie pour la personne à l’origine de notre préjudice, ce n’est pas excuser ses actes, c’est détacher la personne de ses actions.

C’est surement l’une des étapes les plus éprouvantes, mais la plus libératrice : cultiver l’empathie pour la personne à l’origine de notre préjudice. Ce n’est pas excuser ses actes, c’est détacher la personne de ses actions. C’est lui reconnaitre le droit à l’erreur, à la confusion et peut-être même à la souffrance. C’est aussi arrêter la critique, le jugement sur cette personne, et par ricochet le jugement de soi-même. Cela demande du courage et souvent un accompagnement par un thérapeute quand le préjudice a été important mais c’est une étape indispensable.

Ne pas se précipiter

Pardonner, ça ne se fait pas en cinq minutes, ni en cinq jours. Ça demande de se laisser du temps. Du temps pour digérer ce qu’il s’est passé, du temps pour accepter les émotions contradictoires qui peuvent nous submerger. Vouloir aller trop vite serait nier ce qu’on ressent, refouler ses émotions et les rendre alors plus puissantes.

Apprendre de l’expérience

Chaque situation difficile peut devenir une opportunité d’apprentissage. Si vous savez prendre du recul et réfléchir à ce que vous pourriez apprendre de la situation qui vous a blessé, vous la transformerez. Pour y parvenir demandez-vous quels enseignements vous pourriez tirer de cette expérience. Cette manière d’aborder les expériences douloureuses vous aide à grandir et à progresser. Les épreuves deviennent des sources d’apprentissage et de résilience dont vous pouvez tirer profit.

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Réussir à pardonner ne veut pas dire se réconcilier

Apprendre à pardonner - se réconcilier
Apprendre à pardonner, ça ne signifie pas forcément se réconcilier. C’est surtout se libérer soi-même.

Comme tout le monde, j’ai été blessé, trahie, et j’ai longtemps cru que pour vraiment pardonner à la personne, il fallait la voir, lui parler. Et ce n’est pas nécessaire, vous pouvez pardonner sans jamais revoir la personne responsable de votre préjudice. J’ai pu tourner la page sur de nombreuses situations quand j’ai compris ça : le pardon, je le fais pour moi, pas pour la personne concernée. Je le fais pour me libérer de cette emprise qu’elle a encore sur moi si je continue à y penser sans arrêt. Je le fais pour aller de l’avant.

Pardonner ne veut pas dire non plus que vous redevenez les meilleurs amis du monde, ni même que vous recommencer à vous parler. Vous pouvez pardonner à quelqu’un, sans vous réconcilier pour autant. Vous n’avez pas à trouver des excuses à la personne pour ce qu’elle vous a fait. Ce qu’elle a fait est mal, et ça ne changera pas. Ce qui change, c’est que vous pouvez lui donner l’opportunité de s’excuser et de ne pas recommencer en lui expliquant l’impact que ça a eu sur vous. Mais vous n’êtes pas obligé d’inclure à nouveau cette personne dans votre vie.

Et parfois, nous n’y parvenons pas : pourquoi pardonner nous parait parfois si difficile ?

Pourquoi c’est difficile de pardonner

La difficulté à pardonner vient souvent de certaines croyances : on pense que pardonner, ce serait oublier. On peut aussi avoir une tendance à ne pas vouloir pardonner parce qu’on souffre encore trop, et on éprouve encore trop de ressentiment. Il arrive aussi que l’on se sente coupable : si ça nous est arrivé, c’est de notre faute. Lors de la difficulté à pardonner, il y a aussi un phénomène de mémoire : nous nous rappelons plus facilement les expériences malheureuses.

Si pardonner vous parait difficile, voire impossible, prenez le temps d’examiner les raisons qui nous empêchent de le faire pour les surmonter. Si vous constatez que vous souffrez encore trop, prenez le temps d’explorer vos émotions pour les exprimer. Si vous avez tendance à ressasser sans arrêt la situation qui vous a fait souffrir, apprenez à vous détacher de ces pensées.

Enfin, il peut y avoir un autre obstacle au pardon dont on parle peu, c’est notre égo. Pardonner, ça voudrait dire faire preuve de faiblesse, se laisser faire. On pense aussi que c’est un moyen de se préserver d’autres préjudices. Parce que pardonner, c’est aussi accepter de s’ouvrir à nous, avec le risque potentiel d’être blessé à nouveau.

Pourtant pardonner, ce n’est pas être faible, c’est se donner l’opportunité de s’ouvrir à nouveau, aux autres, à la vie, c’est ne plus souffrir pour une chose du passé.

Et vous, avez-vous encore des choses que vous avez du mal à pardonner ? Partagez en commentaire.

 

Sources

A meta-analysis of the association between forgiveness of others and physical health; Yu-Rim LeeRobert D. EnrightPsychology & Health; Volume 34, 2019 – Issue 5Pages 626-643 | Received 13 Oct 2017, Accepted 26 Nov 2018, Published online: 22 Jan 2019 https://doi.org/10.1080/08870446.2018.1554185

The effects of a forgiveness intervention on patients with coronary artery disease; Martina A Waltman1Douglas C RussellCatherine T CoyleRobert D EnrightAnthony C HolterChristopher M Swoboda ; Psychol Health. 2009 Jan;24(1):11-27. DOI: 1080/08870440903126371

A Forgiveness Intervention for Women With Fibromyalgia Who Were Abused in Childhood: A Pilot Study ; Spirituality in Clinical Practice2014  1(3):203-217 DOI:1037/scp0000025

Forgive to live: forgiveness, health, and longevity; Loren L Toussaint, Amy D Owen, Alyssa Cheadle; J Behav Med. 2012 Aug;35(4):375-86. doi: 10.1007/s10865-011-9362-4. Epub 2011 Jun 25. : PMID: 21706213 DOI: 10.1007/s10865-011-9362-4 ; https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21706213/

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