Vous avez remarqué comme la colère pouvait être dévastatrice : paroles blessantes, gestes d’agacement, voire violence ?
Vous serez donc surpris que le sujet de cet article comporte le mot bienfait. Nous ne savons pas toujours que faire face à la colère?
Comment faire en sorte que notre colère nous aide plutôt qu’elle nous nuise ? Et comment trouver des alternatives à la colère, sans pour autant la nier ?
La colère, une émotion négative ?
Les émotions ont toutes une fonction, elles nous permettent de nous ajuster face aux circonstances. Chaque émotion devrait être pleinement acceptée, accueillie, sans chercher à la transformer ou à la restreindre.
Selon les experts, il existe des émotions de base. Celles qu’on retrouve le plus souvent, et sur lesquelles tout le monde s’accorde sont les 5 suivantes :
- La peur,
- La joie,
- La tristesse,
- Le dégoût,
- La colère.
La peur, nous indique que nous devons nous mettre à l’abri. La joie : que nous sommes dans une situation qui nous convient. La tristesse, que nous avons besoin de réconfort. Le dégoût que nous devons nous éloigner. La colère, que nous sommes dans le combat, la défense (sentiment d’agression).
La colère se manifeste souvent lorsque nous sommes blessés, heurtés, ou que nous nous sentons agressés, non respectés.
Dans la plupart des religions elle est considérée comme néfaste. C’est sans doute pour cette raison que nous la combattons. Même si nous ne sommes pas croyants, nous appartenons à une culture qui nous transmet, parfois inconsciemment, certains messages.
De plus, les injonctions à être l’homme ou la femme parfaite, nous incite à nier chez nous les choses qui ne nous plaisent pas. Et le fait d’être en colère nous fait sortir de nous-mêmes, de qui nous sommes vraiment. (ne dit-on pas d’ailleurs « sortir de ses gonds » ?). Et ce n’est pas confortable.
Chercher à refouler sa colère, c’est ne pas écouter ce que nous vivons. C’est nier que nous sommes en train de traverser une expérience qui peut nous apprendre des choses sur nous-mêmes.
La colère peut être le signe que nous rencontrons une frustration ; nous ne parvenons pas à obtenir ce que nous désirons.
En examinant ces attentes, ces frustrations, ces besoins, nous prenons le temps de l’accueillir : accepter sa présence et investiguer. Je vous donne des clefs pour savoir comment faire.
Dans certaines situations, nous pouvons ressentir de la colère pour une injustice vis-à-vis de nous-mêmes ou vis-à-vis d’une personne ou d’un groupe de personnes. Il est donc important de garder cette colère pour nous défendre ou défendre les autres. C’est alors une arme choisie, à condition de ne pas en user pour être violent.
La colère peut être juste, mais elle ne doit jamais nous conduire à la violence.
Voyons maintenant comment faire la paix avec cette émotion, pour mieux la traverser.
6 étapes face à la colère :
1ère étape face à la colère : accueillir :
Etre en colère n’est pas une situation très confortable : les sensations physiques sont parfois très violentes : cœur qui s’accélère, tensions dans le corps, mâchoires qui se serrent. Et naturellement nous cherchons à tout prix à arrêter ces sensations.
« Bon allez, calme toi » : combien de fois avez-vous prononcé cette phrase intérieurement pour mettre fin à vos colères ?
Je vous propose de tenter une autre approche, lors de votre prochain épisode colérique :
- Accueillir le ressenti corporel, par ex : « ah tiens, je suis furax ! je sens un gros nœud dans ma poitrine, jute entre les deux seins. Et puis, j’ai un gout bizarre dans la bouche, et mes épaules sont toutes tendues. »
- Ne cherchez pas à vous calmer, mais restez simplement un instant avec ces ressentis.
Bien sûr ce n’est pas toujours facile, mais si c’est possible pour vous, faites le. Ne cherchez pas à comprendre ou analyser dans un premier temps, prenez juste un moment pour accueillir vos ressentis.
2ème étape : observer :
Au milieu de la tempête émotionnelle, ce n’est pas toujours facile de voir et d’observer ce qu’il se passe pour vous.
Vous pouvez donc faire cette observation un peu plus tard si ce n’est pas possible pour vous de la faire pendant votre épisode de colère (cela dépendra beaucoup de l’intensité de cet épisode).
En revivant, avec précaution, la situation, soyez à l’écoute de ce que votre mental vous raconte. Vous remarquerez alors si vous avez tendance à interpréter une parole ou un geste, ou à juger.
Parfois, nous interprétons une situation, ou nous projetons nos peurs, nos doutes. Il arrive aussi souvent que cette colère s’exprime parce que nous ne parvenons pas à obtenir ce que nous voulons (rappelez-vous toute les fois où vous vous êtes énervé en faisant du bricolage, et que cela ne se passait pas comme prévu). Ce peut être une bonne occasion d’examiner les attentes que vous avez par rapport à certaines situations, ou certaines personnes.
Vous pouvez aussi remarquer que ce n’est pas seulement de la colère, mais de la peur, ou de la tristesse. Combien de parents qui s’agacent face aux enfants qui ne réussissent pas à l’école, parce qu’ils ont peur pour leur avenir, ou peur d’échouer en tant que parent.
Au début, cet exercice peut amener une certaine confusion, ce n’est pas grave. Vous êtes sur le chemin, et vous avancez pas à pas. Soyez gentil avec vous-mêmes.
3ème étape face à la colère : les besoins :
Quand vous avez compris de quoi il retournait, vous pouvez alors aller plus loin, en examinant ce dont vous avez besoin.
Peut-être que vous avez besoin de cultiver la patience. La frustration mène souvent à la colère, et vous pouvez essayer de voir vos fortes attentes par rapport à une situation. C’est normal d’avoir des objectifs, et des attentes. Mais ce n’est pas utile de se mettre en colère lorsqu’on n’obtient pas ce qu’on veut.
Certaines situations peuvent aussi vous sembler injustes, et vous vous mettez en colère. En découvrant cela, vous allez aussi découvrir que vous avez des valeurs importantes pour vous. C’est une étape pour mieux vous connaitre, et mieux vous accepter.
Ou que vous souhaitez être rassurée, parce que vous doutez, ou que vous avez peur.
Vous pouvez aussi vous sentir blessé(e), et vous avez tendance à interpréter ou extrapoler des paroles, qui sont peut-être juste maladroites.
Je ne suis plus souvent en colère, mais la seule chose qui me fait encore du mal, c’est le manque d’intégrité. Je suis encore titillée quand je constate que certaines personnes manque d’intégrité. Evidemment, je ne me mets pas très en colère, mais je suis vigilante, pour éviter de m’emporter. Après tout, ces personnes ont très souvent de nombreuses autres qualités.
Ce qui est important, c’est toujours de prendre soin de vous. Et si vous avez des valeurs, des besoins, il vous faut en tenir compte. Il ne s’agit pas ici de se dire : « ce n’est pas grave, laisse tomber ! ». Mais de trouver un moyen pour que ces besoins et ces valeurs soient comblés.
4ème étape : la transcender :
Quand vous avez identifié vos valeurs, et vos besoins, la pression de la colère s’apaise. Vous avez alors la possibilité d’exprimer plus calmement ce que vous ressentez.
Il y a de nombreuses années, j’avais entamé des travaux chez moi. Je m’étais lancé avec confiance, il ne s’agissait que du couloir à retapisser, une bagatelle. J’ai profité d’une semaine de vacances, pour m’y mettre, en me disant : « à la fin de la semaine, c’est terminé ! ».
Evidemment, dans les travaux, il y a toujours des surprises. Je me revois en train de pester contre le papier peint qui ne voulait pas se décoller sans arracher des morceaux de placo. Et je n’avais pas réalisé que j’avais 9 portes dans mon couloir, à dégonder et à peindre. Je n’en voyais pas le bout, et la semaine filait.
La fois suivante, quand j’ai commencé les travaux dans la cuisine, je me suis dit : ok, ça risque d’être long, tu mettras le temps qu’il faudra, pas d’urgence. Et là, tout s’est passé à merveille (sauf le carrelage, il manquait deux carreaux pour terminer, comme j’ai ri, en le remarquant, avant de filer au magasin de bricolage).
Plus nous mettons de tension à obtenir quelque chose rapidement, plus nous nous agaçons. Cela peut être une bonne piste à explorer.
D’autres fois, ce sont les relations avec certaines personnes qui nous mettent en colère. Et les mots blessants peuvent fuser à toute allure. Si vous savez reconnaître vos besoins dans ces moments-là, vous pourrez les exprimer de façon plus juste. Vous pouvez lire le livre de Marshal Rosenberg : « La communication non violente », qui vous donnera de bons conseils. Un apprentissage pour des relations plus apaisées.
5ème étape face à la colère : se surveiller :
Vous avez identifié vos valeurs, et vos besoins.
Sans doute que les besoins que vous avez identifié vont revenir souvent dans les moments de colère. Si vous avez besoin de sécurité à un moment donné, il est possible que cela revienne une prochaine fois.
Si votre valeur, c’est l’honnêteté, et qu’elle est si forte, que cela vous bouleverse quand on vous ment, il vous faudra surveiller cela. Quand vous poserez une question, préparez-vous à recevoir un mensonge, et surveillez votre état intérieur (vous vous rappelez, les sensations dont je vous ai parlé au début).
En vous préparant face aux situations qui pourraient susciter de la colère en vous, vous évitez de vous laisser emporter de façon irrationnelle.
Comme je sais que la valeur d’intégrité compte beaucoup pour moi, je me surveille quand je suis avec une personne non intègre. Je ne la juge pas, j’observe simplement mes réactions internes : agacement, impatience, envie de moraliser. Et je peux ainsi exprimer plus justement ce que je pense, sans blesser la personne, et sans pour autant me taire, en faisant comme si ce n’était pas important.
6ème étape face à la colère : maîtriser la violence :
Je termine par cette étape qui, en fait, doit être présente tout le temps.
La violence ne résout rien, comme le disait Gandhi : « œil pour œil, dent pour dent, et le monde sera bientôt peuplé d’aveugles et d’édenté ».
Si vous sentez qu’un geste de violence se manifeste en vous, sortez de la pièce, isolez-vous ou demandez de l’aide. Parfois la violence n’est pas seulement contre les autres, mais aussi contre soi-même.
Faites-vous accompagner si vous ne parvenez pas maîtriser cela.
Toutes ces étapes vont peut-être vous sembler difficiles à mettre en place au début. Mais commencez juste par la première, et persévérez, avec douceur et bienveillance.
Et vous, c’est quoi qui vous met en colère ? Racontez-moi dans les commentaires.
bonjour Isabelle,
la colère fait partie de notre panel d’émotions. Merci pour cet article : la refouler n’est pas une solution. mais la maîtriser c’est mieux. il y a quelques années, j’avais souvent des moments de colère, et la violence se manifestait par les mots : je pouvais être très violente à l’oral et je le regrettais après, car les mots font mal ! Bon, c’était avant…
maintenant j’arrive à prendre du recul et à observer ce qui me met dans cet état et pourquoi, et mes relations s’en sont grandement améliorées !
Bonjour Caroline,
Merci pour ton commentaire.
Et bravo pour ce chemin parcouru. Accueillir sans nourrir, ce n’est pas toujours facile.
Et tu as donc appris des choses sur toi, ça c’est super.
Belle journée, et à bientôt
Isabelle
Bonsoir Isabelle
J’ai beaucoup apprécié ton article qui m’a permise de regarder de plus près cette colère qui m’habite souvent , car j’ai une valeur qui me tient particulièrement à cœur : c’est l’authenticité , être en accord avec soi même; je ne supporte pas les donneurs de leçons ou de morale quand ceux ci ne les appliquent pas eux mêmes , cela me met hors de moi, il n’y a jamais de violence mais une rumination intérieure qui provoque une grande souffrance , et il me faut du temps pour retrouver calme et sérénité ….
Grâce à ton article , je vais davantage prendre conscience des clefs que tu nous transmets afin d’être plus à l’écoute de ce que cette colère veut dire .