Le Bonheur selon le bouddhisme

« Plaidoyer pour le bonheur », le bonheur selon le bouddhisme

Ah le bonheur, on voudrait tous l’atteindre, et si possible assez vite, d’ailleurs. Mais alors comment faire? C’est ce que Matthieu Ricard nous propose d’explorer dans son livre best-seller : « Plaidoyer pour le bonheur ».

Le bonheur selon le bouddhisme.

Vous avez dit bonheur ?

La définition du bonheur sont multiples et parfois contradictoires : la joie, le travail, la vérité, l’assouvissement des désirs. Nous pouvons parfois le toucher à travers des moments de grâce.

Comment les prolonger ? Le bonheur selon le bouddhisme. Dans ce livre, Matthieu Ricard nous apporte la réponse selon les textes bouddhistes.

Notre plénitude intérieure (Soukha en sanskrit) dépend avant tout de notre état intérieur, la façon dont nous appréhendons le monde.

Le contraire de Soukha, Doukha, est un mal-être (une vulnérabilité à la souffrance), jusqu’au dégoût de vivre. C’est aussi un état intérieur.

Nous pouvons connaitre Soukha en nous libérant de l’ignorance (=voir la vraie nature des choses), et des émotions conflictuelles. Et nous avons tous cette possibilité en nous. Aller à la rencontre de cette liberté intérieure est un véritable chemin.

Le bonheur est-il le but de l’existence ?

Nous souhaitons tous le bonheur ou au moins le mieux-être, que ce soit à travers une passion, un devoir.

L’obstacle est la non connaissance (=l’ignorance) des choses telles qu’elles sont et nos projections mentales. Nous pouvons y parvenir par l’analyse (évaluer nos souffrances) et la contemplation (regarder profondément en nous).

Certaines personnes pensent qu’il faut passer par la souffrance pour être heureux. Toutefois il est préférable de voir la souffrance comme une opportunité de nous ouvrir à la compassion envers ceux qui souffrent.

Ne pas se tromper de cible en prenant les plaisir éphémères pour du bonheur. Le bonheur n’est pas de satisfaire tous ses désirs mais un état de réalisation intérieure.

Le bouddhisme parle de « nature de Bouddha » en chaque être, il nous faut la découvrir.

Notre bonheur passe aussi par celui des autres, avec dans notre cœur, le souhait essentiel que chacun soit heureux.

Un miroir à deux faces :

Nous nous évertuons à chercher le bonheur à l’extérieur de nous. Nous passons beaucoup de temps à améliorer notre condition matériel, notre confort, mais nous devons aussi améliorer notre condition intérieure.

Lorsque nous souffrons, notre réaction instinctive est de chercher du réconfort à l’extérieur de nous. Nous sommes capables de passer beaucoup de temps à cultiver notre connaissance, sans jamais nous lasser, même si cela est long. Nous pouvons aussi cultiver et construire notre bonheur pas à pas.

Penser qu’il suffit d’être soi-même et s’accepter n’est pas une voie vers le bonheur, si nous laissons s’exprimer nos pulsions naturelles.

Les faux amis :

Pour définir les conditions qui amènent à Soukha, voyons ce qui est proche mais très différent :

  • Confusion entre bonheur et plaisir: les plaisirs dépendent de circonstances extérieures et sont éphémères. Ils s’épuisent à mesure qu’on en jouit. Soukha est plus durable. Les plaisirs ne sont pas à éviter mais ne doivent pas nous aliéner (non attachement). Apprenons plutôt à savoir jouir du moment présent.
  • L’euphorie de pacotille: une gloire ou une richesse soudaine ne nous permettent pas d’être heureux dans la durée, mais juste une euphorie passagère. L’alcool, la drogue sont autant de rêves factices.
  • Le bonheur et la joie: la différence est subtile. Soukha rayonne spontanément sous forme d’une joie sereine, intérieure, exempte d’émotions négatives. C’est d’ailleurs ce que partage le Dalaï Lama et Desmond Tutu dans « Le Livre de la joie« .
  • Dissiper les illusions: entraîner son esprit à développer l’empathie, la compassion l’amour altruiste mais aussi la lucidité (remarquer les projections que nous faisons sur le monde). Cela amène à une transformation durable.
  • Souffrance et malheur: on subit la souffrance (maladie, handicap), mais on créé le malheur (façon dont nous voyons les choses => travailler sur nos pensées).

L’alchimie de la souffrance

Il y a de la souffrance pour de nombreux êtres sur cette terre, humains et animaux. Il nous incombe de faire ce que nous pouvons pour soulager ces souffrances.

Le bouddhisme parle de souffrances en formation (pas encore ressenties), souffrance du changement (plaisir qui devient souffrance), et le cumul des souffrances (augmentation de la douleur).

Et il y a 3 types de souffrance :

  • La souffrance visible : elle est évidente.
  • La souffrance cachée : souffrance du changement et conséquences de nos activités.
  • La souffrance invisible : à travers nos comportements : égocentrismes, illusions (manque de discernement sur nos actions).

Selon le bouddhisme, il y des causes à la souffrance, celle-ci n’est pas immuable. Chacun a donc la faculté de les examiner pour s’en libérer

Les 4 vérités de la souffrance (les 4 nobles vérités selon le Bouddha)

  • Reconnaître sa souffrance,
  • Éliminer son origine,
  • Réaliser sa cessation,
  • Et pour cela pratiquer la voie.

Doukha est un profond état d’insatisfaction qui perdure. On peut souffrir physiquement ou mentalement sans perdre Soukha, cette paix intérieure. On peut aider les gens qui souffrent et compatir à leur souffrance sans se désespérer.

Etre brisé ou obsédé par une situation ou la perte d’un être cher n’est pas une preuve d’affection mais une preuve d’attachement qui ne sert à rien. Il nous faut nous préparer aux épreuves et aux souffrances inévitables de la vie.

En occident, on n’accepte moins facilement les aléas vécu comme une injustice, en Orient, on aborde les épreuves avec plus de courage et de tolérance. La mort est considérée comme un passage.

Il ne s’agit pas de se résigner mais de tirer le meilleur parti de la souffrance pour se transformer intérieurement.

La notion bouddhiste de Karma, souvent mal comprise désigne les actions mais aussi les intentions qui les sous-tendent.

Pour la douleur physique, nous n’avons pas besoin d’y ajouter la souffrance inévitable (apitoiement, peur, découragement…)

Dans les traditions bouddhiste on utilise les visualisations (images mentales), la compassion (je souffre comme d’autres souffrent), la contemplation (contempler sans s’accrocher).

On peut aussi s’entraîner à reconnaître la nature de l’esprit pour ne pas nous laisser embarquer dans les réactions liées aux émotions.

Des personnes ayant connu la torture ont témoigné que la méditation sur la paix intérieure et la compassion leur avait permis de conserver Soukha. Et ils ont pu dépasser la haine et le découragement.

Le bonheur est-il possible ?

De nombreuses personnes n’envisagent le bonheur que par contraste au malheur. Mais les sensations agréables et désagréables ont peu d’importance face au bonheur. Les vraies causes du malheur sont l’ignorance et les poisons mentaux.

Il n’y a pas à se dire que le monde est mauvais mais envisager d’avoir une pépite d’or à nettoyer pour en faire ressortir l’éclat.

« Si le sage peut être heureux, c’est que le bonheur est possible ». ? Mais on ne naît pas sage, on le devient. Les sages sont un modèle, un repère pour nous.

Nul besoin de se retirer du monde en devenant ascète pour connaitre cette sagesse. Le recueillement nous permet d’analyser les pensées qui génèrent de l’insatisfaction, de la peur, et de nous en libérer.

Une regrettable méprise :

Nos jugements sur le beau ou le laid nous mènes à identifier les choses et les gens comme indissociable de ce jugement. Un être « mauvais » selon nous, est « bon » pour d’autres.

Dans le bouddhisme, on considère que tous les êtres sont interdépendants entre eux et avec leur environnement.

Il n’y a pas d’égo immuable, de « je » permanent. Tout comme le « mien » (objet, ami, corps…) entraîne un désir de possession et d’attachement.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Être heureux dans sa vie, les astuces pour y parvenir

Si un vendeur casse un vase, cela vous est égal, s’il casse le vôtre, vous en êtes affecté. Pourtant c’est le même vase.

En occident, toute l’éducation se fait en faveur d’un « moi fort », et cela amène à nourrir l’égo. S’affranchir de l’égo permet la liberté : acceptation, tolérance, compassion.

L’imposture de l’égo : le moi nous semble réel et solide. Mais à la moindre contrariété, tout s’effondre. Dans le bouddhisme, le moi ne s’appuie sur rien, ce n’est qu’un concept, il est dénué d’existence réel.

« Je pense donc je suis » : le « je » n’est que le contenu d’un flux mental en perpétuel changement.

« L’égo est le résultat d’une activité mentale qui créée et maintient en vie une entité imaginaire dans notre esprit. » Han de Wit.

Selon le bouddhisme, le moi n’est qu’une idée : amalgame de l’expérience du moment présent (le « je ») avec la personne (continuité de notre existence).

Les visages fragiles de l’identité : on perçoit la notion de personne, d’identité.  Mais cette identité est faite de masques changeant selon les circonstances.

Se libérer de l’égo nous permet de jouir d’une relation plus paisible avec les êtres et le monde.

Avec l’égo, on craint de perdre quelque chose, on est affecté par la préoccupation de soi, obsédés par nos succès, nos échecs, nos espoirs, nos inquiétudes.

Le fleuve des émotions

Selon le bouddhisme, la pensée est liée à du plaisir, de la souffrance ou de l’indifférence. Et les émotions s’accompagnent de pensées.

De même, les émotions positives sont qualifiées comme telle quand elles permettent Soukha pour nous ou pour les autres. Et elles sont négatives, si elles génèrent Doukha pour nous ou pour les autres.

« L’homme compatissant est bon, même en colère ; dénué de compassion, il tue avec le sourire. ». Shabkar, poète tibétain.

Les psychologues s’accordent tous sur les émotions : elles sont nuisibles dans certaines circonstances. Une émotion disproportionnée ou inadéquate par rapport à la situation, est nuisible.

Dans le bouddhisme, on met l’accent sur la prise de conscience des pensées liées à l’émotion, pour apprendre à les déconstruire.

En 1998, un groupe de psychologues américains a fondé le réseau de psychologie positive : au lieu de se contenter de chercher à supprimer les mauvaises émotions, rechercher à développer les émotions positives.

Dans le bouddhisme, on cherche à comprendre (analyser) quelles émotions sont bénéfiques et lesquelles sont nuisibles. La première étape  est d’avoir une attention soutenue et volontaire, grâce à l’introspection, pour identifier comment viennent les émotions.

Certains processus mentaux sont considérés comme forcément nuisibles dans le bouddhisme : le désir (soif, avidité), la haine (désir de nuire), la confusion (déformation de la réalité) et en plus l’orgueil et la jalousie.

Émotions perturbatrices : les remèdes.

Selon le bouddhisme, maîtriser l’esprit consiste notamment à ne pas laisser toutes les émotions s’exprimer. Il est important de prendre conscience de ses émotions sans les laisser nous emporter.

Toutes les études montrent que laisser la colère s’exprimer est délétère pour notre santé. Il ne s’agit pas non plus de les refouler, ce qui est tout aussi néfaste.

Pour nous en libérer, il nous faut les reconnaître (grâce à la méditation) et voir l’impact qu’elles ont sur nous. Nous pouvons alors les transformer en émotions positives.

Selon le bouddhisme, nous pouvons utiliser 3 méthodes, selon les circonstances :

  • L’antidote: cultiver des émotions contraires : l’amour, pour supprimer la haine, le détachement pour lutter contre le désir/l’avidité, se réjouie du bonheur des autres au lieu d’être jaloux ou d’envier.
  • La libération: dans le bouddhisme, on parle de vacuité (absence d’existence propre) des émotions. En focalisant son attention pour essayer de localiser la colère, nous pouvons constater qu’elle n’a pas d’existence propre. En se focalisant sur l’objet de la colère, on la maintient.
  • L’utilisation: nous pouvons utiliser les émotions comme catalyseurs d’actions bénéfiques. Cette technique demande une grande maitrise, au risque de provoquer l’inverse et de nous submerger.

Ces trois méthodes sont des moyens différents pour ne pas être victime des émotions. Encore faut-il travailler sur l’origine des émotions : l’attachement au moi, à l’égo.

A force d’entrainement, nous sommes capables de voir les émotions arriver, et ne pas entrer dans leur tourbillon néfaste. Il nous faut parfois attendre que l’émotion forte soit passée, pour comprendre son processus. (Retrouvez un article sur ce sujet : Que faire face aux émotions ?)

Les recherches en psychologie portent surtout sur la régulation des émotions après leur survenue. Dans le bouddhisme, on considère que de nombreuses émotions conflictuelles sont des désordres mentaux dont il faut se libérer.

Et pour cela, il faut du temps et de l’entrainement. Et notre résistance au changement peut être très forte.

C’est pourtant le chemin pour devenir un être humain équilibré et plein de bonté.

Le désir :

Le désir est naturel et peut être un moteur dans nos vies. A condition de ne pas confondre aspiration et désir avide (insatiable, plus et toujours plus).

Tous les désirs passionnels (pas les besoins primaires), sont précédés d’une image mentale : pensées/image mentale => désir => assouvissement => nouveau désir. Il nous faut alors remarquer ces images mentales et, sans les refouler, ne pas y succomber.

Désir, amour et attachement :

Nous pouvons aimer profondément quelqu’un sans être attaché à lui. Nul besoin d’avoir un désir possessif exclusif. Pour cela, il nous faut développer l’amour altruiste envers tous les êtres.

Le grand saut vers la liberté :

La vraie liberté ne consiste pas à faire et dire tout ce qu’on veut. Mais à se libérer de la dictature du « moi », du « mien », de l’égo qui veut tout posséder.

Nous pouvons aller vers le but que nous nous sommes fixés, en étant patients et ouverts.

Le renoncement : ce n’est pas dire non à tout ce qui est agréable. Mais se poser la question si c’est utile pour aller vers le bonheur authentique, et arrêter de s’accrocher à ce qui ne l’est pas. C’est aussi se libérer du passé inutile et de l’inquiétude du futur.

Le renonçant ne se coupe pas du monde mais se désintéresse des préoccupations futile. Aller vers plus de simplicité : se libérer des actes et paroles superflue.

Il ne s’agit pas de chercher la liberté uniquement pour nous mais pour tous les êtres, y compris les animaux.

La haine : la haine est le poison le plus néfaste.

« Si la haine répond à la haine, jamais la haine ne cessera. » Bouddha

La colère, précurseur de la haine, est une pulsion pour écarter ce qui fait obstacle au moi. Elle peut nous nuire pendant des années si nous ne travaillons pas à l’éradiquer.

Nous pouvons avoir un désir de vengeance, mais nous deviendrons la même personne que celle que nous blâmons. Il nous faut distinguer l’acte abominable de la personne qui ne peut être qu’en souffrance d’avoir mal agi. D’autant que chacun peut changer pour devenir meilleur, nous-mêmes comme notre pire ennemi.

« Si l’on pratique œil pour œil, dent pour dent, le monde entier sera bientôt aveugle et édenté ». Gandhi

La compassion dans le bouddhisme consiste à souhaiter que tous les êtres soient libérés de la souffrance, y compris les criminels. La vengeance ne consiste pas à soulager notre peine, mais à infliger de la souffrance aux autres.

Il ne peut pas y avoir de désarmement extérieur sans désarmement intérieur : pour cela, haïssons la haine et non les êtres.

Chacun se doit de pratiquer des méditations sur l’amour et la compassion.

Bonheur et altruisme :

Nous sommes plus enclins à venir en aide aux personnes qui nous sont proches (sentiment d’appartenance). Dans le bouddhisme, on vient en aide à tous les êtres.

Les études montrent que nous éprouvons plus de joie lors d’actes de bonté que d’activités plaisantes. Cela nous préserve aussi de la dépression. Les actes de coopération sont utiles à la survie de notre espèce, c’est notre nature véritable.

Le vrai altruiste agit dans l’ombre, sans rechercher de reconnaissance. Il est tout aussi heureux si le geste altruiste vient de quelqu’un d’autre. Dans le bouddhisme, l’altruisme vrai consiste à considérer tous les êtres avec autant de proximité qu’un parent.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Le livre de la joie, le bonheur vu par deux prix Nobel

Notre nature profonde est d’être bon. Nos émotions de colère, de haine sont là en réactions à des évènements. L’amour et la compassion sont des états fondamentaux.

Le bonheur des humbles :

L’humilité est une valeur oubliée. Les humbles font peu cas de leur égo. Penser qu’on est meilleur ou supérieur aux autres, nous met dans une situation de défi permanent. Et cela nous rend plus agressif.

L’humble agit selon ce qu’il estime juste, pas pour être reconnu.

La jalousie :

La jalousie, c’est l’incapacité à se réjouie du bonheur des autres ou à être jaloux de leur bonheur. Pourtant le bonheur des autres ne nous enlève rien. C’est l’égo qui est blessée, en insécurité.

Quand on est en paix, on n’est pas jaloux.

Voir la vie en or, en rose ou en gris :

Nous pouvons voir la vie en rose et nous duper, en gris et nous déprimer ou nous pouvons voir la vie en or : savoir que tous les êtres sont capables d’une grande transformation intérieure et d’action.

Les optimistes sont plus confiants. Ils ne sont pas naïfs pour autant. Ils sont aussi en meilleure santé, et vivent plus longtemps. Ils ont aussi tendance à agir davantage face aux problèmes qu’ils rencontrent. Ils sont confiants, et ne perdent pas espoir, et sont plus déterminés dans leurs projets.

Le pessimiste pense au contraire que ses problèmes vont durer. Il n’a pas confiance dans le monde. Ils voient surtout les obstacles qui « pourraient » arriver.

Ils sont tous deux une façon de voir le monde différente. Et nous pouvons tous changer pour plus d’optimisme.

Par exemple, l’effet placebo, c’est l’espoir de vivre. Il conduit à une amélioration de 10 à 40%.

D’autre part, les regrets ne servent à rien. Nous pouvons assumer la responsabilité de nos actes et essayer de réparer. Et faire le bien le plus possible.

Plus largement, les pessimistes ne croient pas en la vie, alors que l’optimiste trouvera un sens en toute chose.

Le bonheur dans la tempête :

Ce n’est pas forcément dans les pires moments de l’existence que nous nous sentons le plus mal. Mais ce sont parfois des moments ou l’altruisme et la générosité se manifestent le plus.

Lors de ces moments, comme dans notre quotidien, nos pensées peuvent être nos pires ennemies. Pour atteindre Soukha, il nous faut nous libérer des tendances à nourrir les émotions, et être capable de lâcher prise des tendances du moi.

Comment faire ?

Lors d’une grosse souffrance intérieure, il est primordial de la regarder en face, en ne nourrissant pas des pensées envahissantes. Si c’est trop difficile, on peut adopter une observation plus élargie, sur un plan moins personnel. : voir la source des pensées, comme elles surgissent, et disparaissent si nous ne les suivons pas.

Au lieu d’accuser le monde entier pour notre souffrance, notre stress, notre angoisse, nous devons transformer notre esprit, pour changer « notre monde ».

La méditation de la compassion, pratiquée régulièrement, nous aide à apaiser notre mental lors des moments douloureux ; sous forme de respirations ou de visualisations.

Nous pouvons tous œuvrer à entrer en résonance avec la nature intrinsèque de l’esprit.

Temps d’or, temps de plomb, temps de pacotille :

Il est essentiel lors de la quête du bonheur, de prendre conscience que le temps est notre bien le plus précieux. Chaque instant est un trésor.

Au lieu de se disperser dans des activités extérieures, savourer la sérénité de l’instant. Celui qui s’ennuie est celui qui cherche sans arrêt des distractions à l’extérieur au lieu de prendre le temps de l’introspection.

Apprendre à se connaitre et à savourer chaque instant de notre vie.

Captivé par le flot du temps :

Mihaly Csikszentmihaly nous parle de l’expérience du « flux » : ce moment où nous sommes pleinement immergé dans ce qu’on fait. Un degré d’attention fluide que peut se pratiquer dans n’importe quelle circonstance. Cet état amène une sérénité, une conscience du moi apaisée.

Ce n’est pas simplement ressentir du plaisir mais agir pour mener à bien une tâche, un loisir, une passion. Cela demande une aptitude, des efforts, on est actif.

Pour en ressentir le bienfait, l’activité dans laquelle on s’engage doit être imprégnée de qualités humaines d’altruisme et de sagesse.

On peut aussi être dans le flux de l’instant présent sans rien faire : présence pure.

Une sociologie du bonheur :

De nombreuses études ont été faites sur le bonheur. Celles-ci montrent qu’il y a une tendance génétique au bonheur (influence à 50%), que les circonstances de vie ont un impact pour environ 15%. Et qu’on peut influencer par notre manière d’être, de percevoir l’existence.

Nos gènes ont plus d’importance que les événements de notre enfance. Par contre, ces gènes ne s’expriment pas si un bébé est cajolé et reçoit beaucoup d’attention.

Les conditions générales du bonheur :

  • Pas lié aux possessions matérielles ou aux activités de loisirs en grande quantité
  • Amélioré par certaines conditions de vie : sécurité, autonomie, accès à l’éducation, libertés individuelles.
  • Lien social et familial importants
  • Pas lié au climat.
  • Lié à la capacité à regarder en soi, pour se connaitre
  • Etre extravertis, altruiste, optimiste favorise le bonheur
  • La pratique religieuse : lien social, espoir, valeurs humaines.

Par contre on ne sait pas dans ces données ce qui est la cause ou la conséquence : plus heureux parce qu’extravertis ou l’inverse ?

Et le bonheur ne se résume pas à ces conditions extérieures.

Le bonheur au laboratoire :

Notre monde émotionnel peut être impacté par des anomalies cérébrales. Mais grâce à la neuroplasticité cérébrale, nous pouvons agir.

L’activité du cortex préfrontal gauche : plus d’émotions positives, la partie droite, plus d’émotions négatives.

En 1985, l’institut Mind and Life a organisé une série de rencontres entre des scientifiques de haut niveau autour du Dalai Lama, sur les émotions destructrices. Les études qui ont suivi, ont mesuré l’impact de la méditation sur les émotions.

Grâce à l’IRMf (IRM fonctionnel), on a pu constater que la méditation, et surtout la compassion activait la partie gauche du cerveau.

D’autres études ont montré une plus grande capacité à percevoir l’état d’esprit d’autrui.

La méditation peut donc induire de profondes transformations du cerveau.

L’éthique, science du bonheur ?

Comment qualifier un acte bon ou mauvais, éthique ?

Selon le bouddhisme, un acte doit concilier notre propre bien-être et celui des autres. Le plus important étant l’intention derrière chaque acte/parole.

Les règles et les lois sont nécessaires comme lignes directrices. Et parfois, elles peuvent être exceptionnellement transgressées si cela répond à un acte de sagesse altruiste (par ex : vol de nourriture à un riche avare pour donner aux nécessiteux).

Toujours examiner la motivation d’un acte, savoir se mettre à la place de l’autre. Et quand un choix difficile doit se faire, il doit impliquer sagesse, altruisme et adaptabilité.

Idéaliser le bien ou le mal comme entité indépendante place les notions de bien et de bonheur en dehors de soi, considérant la nature humaine imparfaite.

Dans le bouddhisme, la nature profonde de chaque être est une bonté originelle (la nature de Bouddha) qui demande à être dévoilée/retrouvée.

Chaque décision « éthique » devrait se fonder sur le principe que chaque être a en lui la capacité d’accéder à cette nature de Bouddha et pas être fondé sur la vengeance, la haine, la cruauté.

L’éthique doit se fonder sur une sagesse authentique, une action juste (pas seulement « légale »).

Comme le torrent qui court vers la mer…le bonheur en présence de la mort :

Nous pouvons nier la mort, ou l’accueillir comme faisant partie de la vie.

Le non attachement à l’égo nous permet d’éviter la torture mentale de le voir disparaitre. S’engager sur ce chemin tout au long de la vie, en faisant de son mieux. Prendre conscience que la mort fait partie de la vie nous permet d’aborder la mort des autres de façon plus apaisée.

Le sage fait de chaque journée la plus précieuse de son existence.

Un chemin :

Notre chemin doit nous mener à nous libérer de la souffrance afin d’aider les autres. Et nous engager dans cette voie à partir de ce que nous sommes.

Pour nous engager sur ce chemin nous ne devons pas seulement apprendre de façon intellectuelle comment méditer, mais passer par l’expérience et l’application dans la vie de tous les jours.

Pour cela, nous retirer dans la solitude régulièrement pour comprendre la nature de l’esprit et la confronter ensuite aux aléas de l’existence.

Au bout du chemin le seul bonheur véritable est celui de l’éveil au-delà des concepts de bonheur ou de malheur.

Chaque être contient en lui un trésor véritable qui ne demande qu’à être dévoilé.

Je retiens surtout de ce livre la magnifique capacité que nous avons tous en nous, un message d’espoir qui nous incite à prendre le chemin de la transformation, et de la découverte de notre « nature de Bouddha ».

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