Nous pouvons être fortement déstabilisés face aux émotions de nos enfants. Entre les crises de larmes dans les magasins, ou à la maison, ce n’est pas facile d’y faire face. Et quand on recherche la sérénité en famille, les émotions de nos enfants sont parfois un vrai challenge.
Face aux tempêtes émotionnelles, vous pouvez vous sentir complètement désarmés, et ne pas savoir comment « gérer ». Mais d’ailleurs, est ce qu’il faut forcément chercher à calmer son enfant? Pourquoi les émotions sont parfois si fortes chez nos bouts de choux?
Dans cet article je vous explique pourquoi les enfants ont une activité émotionnelle si intense, et je vous donne des conseils pour aider votre enfant face aux émotions.
Pourquoi soutenir son enfant face aux émotions ?
Quand un enfant se met en colère, ou « pique une crise », nous pouvons avoir l’impression qu’il « fait un caprice », ou qu’il nous manipule.
Pourtant, les enfants (surtout les petits) ont du mal à exprimer verbalement ce qu’ils ressentent. Ils n’en sont tout simplement pas capable.
Un enfant qui se met en colère dans un magasin, ne le fait pas pour vous pousser à bout. Il est simplement trop sollicité par tout ce qui l’entoure, et ne sait pas comment gérer cet afflux d’informations visuelles, auditives, olfactives.
Un enfant jeune aura du mal aussi à exprimer ses besoins physiologiques : faim, soif, sommeil. Et il peut alors le manifester par des pleurs ou des cris. Il est simplement plus vulnérable parce que ce besoin n’est pas rempli. Mais il ne sait pas le verbaliser.
Comment aider son enfant face aux émotions ?
Première étape : les entraîner à accueillir leurs émotions :
Nous avons souvent tendance à penser que certaines émotions sont négatives. Hors toutes les émotions servent à quelque chose. Voici quelques exemples :
- La peur pour nous protéger des dangers (quand elle n’est pas nourrie par un mental trop actif; on peut ruminer sur des peurs irréelles).
- La colère pour faire respecter nos valeurs, ou manifester notre désaccord face à une situation qui ne nous convient pas.
- La tristesse pour montrer aux autres que nous avons besoin de soutien et de réconfort.
Bien sûr, une émotion peut en cacher une autre. Nous pouvons être en colère lorsqu’un collègue nous critique, car nous avons peur d’être mal vu. Nous pouvons être tristes, car nous ressentons un sentiment d’injustice face à une situation.
Pour permettre à nos enfants de s’entrainer à identifier leurs émotions, je vous propose de faire avec eux l’exercice de la météo.
- Le matin, vous leur demander quelle est leur météo intérieure. Pour un enfant, c’est plus facile de dire : il y a de la tempête ou de la pluie. L’image est plus parlante pour lui que de parler de colère, agacement ou tristesse.
Vous pouvez aussi leur demander une nouvelle fois en fin de journée. Pour leur montrer que les émotions, cela passe. Et qu’il n’y a pas besoin de s’inquiéter. Evidemment, nous pouvons les aider aussi, mais dans un premier temps, permettons-leur d’accueillir ce qu’il se passe.
Cet exercice de la météo est issue de la pratique de la pleine conscience avec les enfants. Parfois, on peut se dire que c’est bien de faire méditer un enfant énervé, pour le calmer. Mais est-ce vraiment une bonne idée? Et si on faisait autrement?
Vous pouvez aussi, partager quelle est votre météo du jour. Vous n’avez pas forcément besoin de leur demander pourquoi. S’ils en ont envie, ils vous en parleront. Et vous pouvez leur demander s’ils ont besoin de quelque chose : un câlin, en parler, etc.
Deuxième étape : l’aider à accueillir l’émotion quand elle se présente :
Pour aider son enfant face aux émotions, nous devons d’abord lui permettre d’accueillir pleinement cette émotion.
Nous avons tous entendu ces phrases : « ne pleure pas », « ne t’énerve pas pour ça ». Et sans blâmer les parents (j’ai moi-même prononcé ces mots), il est important de permettre à l’enfant de savoir que ce qu’il ressent est juste.
En lui disant « ne pleure pas » ou « ce n’est pas grave », c’est comme si on lui disait : « ce que tu ressens n’a pas d’importance, ou n’existe pas ».
Alors comment faire ?
Commencer par dire à votre enfant : « tu es en colère/triste/énervé ? ». Ne cherchez pas à savoir pourquoi au début, mais juste faites « valider » l’émotion ressentie. Et s’il en a envie, il vous expliquera pourquoi.
Vous pouvez aussi leur dire que cela vous arrive : « moi aussi, parfois il m’arrive d’être en colère/triste… ». Votre enfant se sentira accueilli. Il saura que c’est normal de ressentir des émotions, et qu’il n’a pas besoin de les cacher ou de les « refouler ».
Troisième étape : s’ajuster selon les cas :
Selon l’enfant, son âge, l’émotion, et le moment de la journée, différentes options peuvent être proposées à son enfant face aux émotions.
- Vérifier leur besoin : pour les petits surtout. Ils ont peut-être faim, soif, envie de dormir. Ou besoin d’être câliné.
- Amener un contact physique. Cela apaise beaucoup les enfants. Ils ont besoin de remplir leur réservoir à ocytocine (cette hormone de l’attachement, du lien, de l’amour). Vous pouvez les prendre dans vos bras, ou s’ils sont plus grand, juste toucher leur épaule ou leur bras.
- Les amener à prendre conscience des sensations. Lorsqu’on ressent une émotion, on peut facilement se raconter des choses (je suis triste, ce n’est pas juste, j’en ai marre, etc.). En amenant l’attention sur les sensations physiques, on apprend à se détacher des pensées. On peut dire à l’enfant : « ok, mais tu sens quoi au niveau de ton corps ? ». Ce n’est pas possible avec les petits, mais très aidant pour les plus grand.
- Ne pas le culpabiliser : en essayant de comprendre pourquoi il ressent cela, il peut avoir l’impression que vous le culpabiliser. En lui demandant pourquoi, il peut penser que vous doutez de la réalité de sa souffrance. Pour votre enfant « pourquoi tu ressens ça ? » = « je ne devrais surement pas être dans cet état ». Essayez plutôt de lui demander ce dont il a besoin : « puis-je faire quelque chose ? As-tu besoin d’en parler ? ».
Je sais à quel point on peut être déstabilisé face aux émotions de nos enfants. Et ce n’est pas toujours facile de savoir quoi faire. Nous avons même parfois besoin, en tant qu’adultes, d’avoir de l’aider face à nos états émotionnels.
Peut-être que vous arriverez à mettre en place ces conseils à certains moments. Et que d’autres fois, vous n’y arriverez pas. Ce n’est pas grave, il faut du temps pour changer ses habitudes, et les messages que nous avons reçu quand nous étions enfants ne nous aident pas forcément.
Vous pourriez, par exemple, commencer par faire régulièrement l’exercice de la météo avec votre enfant. Et pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’article : « qu’est ce qui rend les enfants heureux« , qui vous donnent des pistes pour donner du bonheur à vos enfants.
Et puis vous avancerez au fur et à mesure. Soyez bienveillant envers vous-mêmes.
Et partagez dans les commentaires vos tentatives, vos réussites et vos échecs.