Parmi nos principales émotions, la peur est l’émotion qui nous permet de nous protéger d’un éventuel danger, ou d’une menace. Elle est donc indispensable, mais elle peut parfois nous paralyser, et nous empêcher de passer à l’action. Comprendre ce que cache la peur nous permet de mieux y faire face. Comprendre comment elle fonctionne, et ce qu’elle peut nous apprendre sur nous-même, nous permet d’en faire une alliée.
Comprendre ce que cache la peur, c’est lui permettre d’exister sans nous paralyser.
Contenus
Le fonctionnement de la peur
La peur se manifeste lorsque vous êtes confrontés à un danger, ou un potentiel danger. Elle s’exprime de façon physiologique : augmentation du rythme cardiaque, sueur ou frémissement. Votre organisme se met à sécréter de l’adrénaline, qui va vous permettre de fuir ou de combattre.
Ce processus intervient, que la peur soit réelle ou imaginée. Certaines peuvent être paralysantes, et vous empêcher de passer à l’action, même en vous raisonnant. C’est comme si votre cerveau était bloqué.
La peur n’est pas innée, mais acquise à force d’expériences, ou d’apprentissage. Lorsque vous étiez enfant, vous ne saviez pas que le feu brûle, ce sont vos parents qui vous l’ont enseigné, répété, afin de vous protéger du danger.
Certaines expériences de votre vie, peuvent vous avoir mener à craindre certaines situations. Vous allez garder en mémoire ces situations, et avoir des craintes à chaque fois que vous y êtes confrontés.
Par exemple, vous avez un accident de voiture : vous aurez surement une forte appréhension à l’idée de conduire à nouveau. La meilleure façon de surmonter cette appréhension est de vous confronter à nouveau à la conduite rapidement.
Les différentes peurs
Il existe deux types de peurs : celles qui sont réelles, et celles qui sont irréelles. Selon vos expériences passées, les peurs irréelles peuvent être de plus en plus nombreuses.
La différence entre les deux, c’est ce que votre mental va vous raconter. Plus vous allez nourrir certains discours intérieurs, plus vous allez renforcer vos inquiétudes ou vos appréhensions.
Les peurs réelles
- Frayeur d’une voiture qui arrive à toute vitesse vers vous,
- Terreur face à un chien qui bondit sur vous en aboyant,
- Inquiétude à l’idée de tomber quand vous êtes en haut d’une falaise.
Ces peurs sont légitimes car elles vous permettent de vous protéger. C’est important de vous écarter de la voiture qui avance ou du chien qui bondit sur vous. Tout comme c’est important de garder votre vigilance quand vous cheminer en haut d’une falaise.
Ces peurs réelles sont assez rares, car nous vivons globalement dans un environnement sécure. Mais si vous avez vécu des expériences traumatisantes, elles peuvent s’intensifier.
Si vous avez été renversé par une voiture, vous pouvez avoir de fortes appréhensions, dès que vous entendez le son d’un moteur. Si vous vous êtes fait mordre par un chien, vous pouvez craindre tous les chiens.
Vos expériences vont donc impacter votre façon d’être face à un danger.
Les peurs irréelles
Elles sont bien plus nombreuses, et peuvent se décliner à l’infini.
- Peur de rater,
- Peur du jugement,
- Peur du noir,
- Peur de vous faire agresser,
- Phobie des araignées,
- Peur de vous faire avoir,
- Peur du vide,
- Peur d’être seul(e),
- Peur de ne pas être à la hauteur.
Toutes ces craintes sont liées à des projections de votre mental, qui cherche à vous protéger. Le but de votre cerveau est de vous maintenir en vie, mais il ne fait pas la différence entre une peur réelle ou imaginée. Ce sont souvent vos pensées qui vont venir nourrir certaines peurs. Plus vous vous mettez à y penser, plus vous avez tendance à renforcer ces peurs.
Pour apprendre à vous libérer de ces pensées, vous pouvez pratiquer la méditation, l’hypnose ou la sophrologie.
Comprendre ce que cache la peur
Pour parvenir à vous débarrasser de certaines peurs, vous devez comprendre ce qu’elles cachent.
Identifier ce que cache la peur
Lorsque vous remarquez qu’une peur est présente, vous pouvez explorer de quelle peur il s’agit. Souvent on s’arrête à la première impression :
« J’ai peur de passer ce coup de fil pour ce poste »
Alors qu’une autre inquiétude se cache derrière, voire plusieurs. Pour cela posez vous plusieurs fois la question : « mais en fait, j’ai peur de quoi ? », « vraiment si je creuse, j’ai peur de quoi ? »
Et vous constaterez alors que la vraie peur n’est pas celle que vous imaginiez. Comme dans l’exemple ci-dessus, vos vraies craintes pourraient être :
« Je vais être ridicule »
« J’ai peur d’avoir un refus »
« Je vais bafouiller, et rater complètement »
« Qu’est-ce qu’on va penser de moi ?»
A chaque fois que vous avez peur, demandez-vous vraiment quelle est la peur principale. Cela vous aidera à la comprendre, et à la déconstruire éventuellement, si elle n’est pas justifiée.
Les origines de vos peurs, les identifier pour s’en libérer
Comme mentionné au début de cet article, nos peurs ne sont pas innées, mais acquises par nos expériences passées.
Et ces expériences s’accumulent avec le temps, et parfois les peurs vont aussi se cumuler.
Votre éducation
Selon les messages que vous ont transmis vos parents et votre entourage, vous pouvez avoir cultivé certaines inquiétudes, craintes, terreurs.
Vos parents avaient-ils la peur de manquer d’argent ? Etaient-ils méfiants vis-à-vis de certaines personnes, ou catégorie de personnes ? Vous ont-ils répété que les chats véhiculent des maladies ?
En explorant les peurs de vos ancêtres, ou de vos figures d’attachement, vous comprendrez sans doute beaucoup mieux vos peurs actuelles. Vous pouvez alors décider de les abandonner, sans pour autant avoir l’impression de trahir vos parents.
Vos croyances ou idées reçues
Nous avons tous des croyances, c’est inévitable. Mais nous n’en sommes pas toujours très conscients. Voyons quelques exemples :
- « Les gens riches sont égoïstes » : cette croyance peut entrainer la peur de gagner trop d’argent, et d’être considéré comme un égoïste.
- « Les gros chiens sont tous féroces » : vous aurez alors forcément peur de tous les gros chiens.
- « On ne peut faire confiance à personne » : la trouille de vous faire avoir risque de vous isoler des autres. Vous serez toujours méfiant, vous ne parviendrez jamais à vous confier. Vous risquez, à terme, de vous sentir seul(e).
- « Personne n’aime les gens qui se plaignent » : cette croyance peut vous amener à être inquiet à l’idée d’exprimer ce que vous ressentez.
En identifiant les croyances et idées reçues qui se cachent derrière vos peurs, vous pouvez alors les déconstruire. Comprendre ce qui vous a amené à avoir ces croyances.
Certaines peuvent venir de votre enfance, d’autres d’une expérience malheureuse.
De quoi vous protège votre peur ?
Face à chaque peur, il y a un besoin de protection, pour vous mettre à l’abri d’un certain danger. Ce danger n’est pas forcément réel, mais vous pouvez l’identifier en vous posant quelques questions pour comprendre ce que cache la peur.
Qu’est ce que cette peur m’évite ?
Si vous ne vous lancez pas dans une activité, peut être que c’est pour éviter de prendre des risques. Vous pouvez alors mesurer ces risques et agir pas à pas.
Si vous avez peur de faire confiance à quelqu’un, c’est peut-être pour vous éviter une certaine déception. Peut-être que vous pouvez vous rappeler à quel moment vous avez été déçu(e). Et vous rappelez que chaque personne est différente.
Quels sont les bénéfices pour moi de maintenir cette peur ?
Certaines peurs sont là pour vous permettre d’en tirer un bénéfice. Par exemple, j’ai eu souvent peur de ne pas avoir assez d’argent lors du développement de mon activité. Cette trouille me permettait de travailler pour m’assurer des revenus réguliers. Elle m’a longtemps évitée de laisser tomber les actions que je faisais. Puis, elle est devenue bloquante, et j’ai dû apprendre à m’en libérer.
Les étapes pour se libérer de sa peur
Notre vie peut être jalonnée de craintes multiples. Comment faire pour s’en libérer, quand elles nous envahissent, et impactent notre vie au quotidien ?
Avant de faire ces trois étapes, il vous faudra choisir une peur qui a un impact important dans votre vie, aujourd’hui.
Première étape : accepter ce que cache la peur
Nier votre peur, comme n’importe quelle émotion ne fera que la renforcer. Prenez le temps d’accepter que vous ayez peur, et d’identifier clairement la peur principale.
En acceptant aussi ce que cache la peur présente, vous allez commencer à la rendre moins forte, moins impactante.
Vous pouvez même l’exprimer à voix haute : « En fait j’ai une super trouille de… », « Ah oui, j’ai la frousse qu’il se passe… ».
La procrastination à faire une action est parfois le signe que vous avez des craintes cachées. Explorez les moments ou vous papillonnez, sans faire une action importante. Vous découvrirez peut-être une peur cachée.
Deuxième étape : s’interroger sur ce que cache la peur
En reprenant les croyances, idées reçues, mais aussi en vous replongeant dans vos expériences passées, vous pouvez mieux comprendre chacune de vos peurs.
Posez-vous la question de l’origine, et de l’intérêt de continuer à craindre quelque chose. De quoi cela vous protège-t-il ? Et comment vous pourriez vous protéger sans maintenir cette peur permanente ?
Quelles sont les moments de votre vie où vous avez déjà eu cette même crainte ? Avez vous réussi à la transcender ? Comment vous y êtes-vous pris, à l’époque ?
Troisième étape : visualiser et agir
Il n’y pas de meilleur antidote à la peur que l’action. Mais au début, cela peut vous paraitre difficile.
Alors pour commencer, visualisez votre réussite. Fermez les yeux, et imaginez que vous avez surmonté cette crainte. Comment vous voyez-vous ? Que faites-vous ? Quel est votre attitude physique ? Comment vous sentez-vous ?
En faisant une visualisation, vous envoyez un message à votre cerveau que tout va bien. Cela vous aidera à passer à l’étape 2 : l’action elle-même.
Vous voilà prêt à passer à l’action. Pour cela, décomposez votre tâche pas à pas.
Vous n’arrivez pas à passer ce coup de fil important ? En vous interrogeant, vous remarquez votre crainte d’être ridicule ou d’avoir un refus. Ce n’est pas vraiment le coup de fil en lui-même qui vous terrorise, mais les conséquences pour vous.
Si vous ne passez pas à l’action, vous n’avez pas de refus, donc vous gardez en tête la possibilité d’une réponse positive, vous gardez l’espoir. Mais vous gardez aussi le doute.
Voici ce que vous pourriez faire :
- Notez les mots que vous voulez employer, les principales idées,
- Ecrivez la première phrase à dire,
- Entrainez vous oralement à la répéter, plusieurs fois,
- Planifiez le jour et l’heure de l’appel. Ne faites rien d’autre tant que ce n’est pas fait.
En agissant, vous développer la capacité à traverser vos craintes. Vous devenez de plus en plus habiles pour le faire.
Etape optionnelle
Si l’enjeu est très important, et que la terreur est trop importante, vous pouvez vous préparer.
Reprenons l’exemple du coup de fil. Votre carrière en dépend, et vous savez qu’une réponse négative va vous démoraliser. Dans ce cas, prenez le temps de vous préparer au pire.
Pour cela, envisagez d’autres possibilités : que pourriez-vous faire d’autre ? Aurez-vous d’autres occasions ? Avez-vous une option bis ?
Que cache la peur de rater ce coup de fil pour vous ? Et si ce n’était finalement qu’une peur de réussir ? Que feriez vous si la réponse est positive ? Seriez-vous vraiment heureux ?
Cela vous aidera à vous préparer de façon plus sereine.
Prendre soin de soi
Face à des grosses peurs, il n’est pas toujours possible d’agir. Vous pouvez simplement être tellement terrorisé(e) qu’aucune action n’est possible pour le moment.
La chose la plus importante est alors de prendre soin de vous. Accordez-vous du temps pour vous chouchouter. Faites des activités qui vous ressourcent, qui vous rassurent.
Demandez de l’aide autour de vous pour être entouré(e) de personnes bienveillantes, qui ne chercheront pas à vous rassurer (ce serait inutile), mais qui vont vous écouter.
Vous pouvez aussi vous changer les idées, pour penser un peu moins à ce qui vous inquiète en ce moment. Il ne s’agit pas de faire l’autruche, mais d’accepter que c’est un moment pénible pour vous.
En résumé
Comprendre ce que cache la peur, c’est déjà commencer à lui tordre le cou. Toutes les émotions ont quelque chose à nous apprendre.
Bien sûr, face à des terreurs importantes, ou à des phobies, il est essentiel de vous faire accompagner par un professionnel. Mais suivant pas à pas les conseils mentionnés, vous pourrez traverser la plupart de vos inquiétudes.
Dans ce parcours, n’oubliez pas de prendre soin de vous. Cette émotion est très pénible et vous avez tout à fait le droit de la ressentir. Mais quand elle vous bloque, c’est un impact énorme sur votre quotidien.
Le passage à l’action quand on à peur c’est tellement dur ^^ mais qu’est-ce qu’on est fière après ! :p
Merci Nicolas pour votre message. Ca sent le vécu, ah ah. C’est vrai que c’est dur quand la peur est là. Et faire juste un petit truc peut tout changer.
Excellent article (comme toujours !) sur un sujet essentiel. Je retrouve pleinement les peurs irréelles dont vous parlez, lorsque nous sortons en nature avec les enfants : « j’ai peur des loups » me disent-ils; nous expliquons alors (nous adressant à leur mental) que les loups n’habitent pas dans cette forêt et que les loups ont peur des humains. Mais c’est lors de mini séances de méditation et d’auto-hypnose que les enfants, dans leurs ressentis, arrivent à mieux appréhender leurs peurs irréelles et les contourner !
Merci Laura. Quelle magnifique transmission de permettre aux enfants de se connecter à leurs peurs, mais de savoir les contourner. Vous faites un travail magnifique.
Merci de montrer que plutôt que rejeter ses peurs il faut les écouter les comprendre, connaître leur intention positive ! C’est tellement important. Bcp de mes clients en hypnose arrivent en étant en colère contre leur peur, et ce n’est qu’en acceptant sa présence et en la remerciant qu’ils peuvent avancer !
Merci Pierrick, tellement chouette de remercier sa peur. J’adore, c’est exactement cela.
Votre témoignage me rappelle quand ma fille était petite au moment d’aller se coucher, elle nous disait qu’elle avait peur des loups, des ogres ou des sorcières. J’essayais de la rassurer en lui racontant que toutes ces personnes vivaient dans la forêt des contes, avec le Père Noël 😉
Merci Gladys pour ce témoignage. Cela va aider les parents. J’adore l’idée du Père Noël aussi présent avec les ogres et les sorcières. Trop chouette.
« Face à chaque peur, il y a un besoin de protection », j’aime bien cette phrase parce que je n’avais jamais envisagé la peur de cette manière. Il me semble qu’effectivement la peur cherche à nous transmettre une information mais elle est mauvaise conseillère. Il me semble que l’action permet souvent de diminuer ses peurs ou au moins de modifier ses croyances limitantes. Merci pour cet article très intéressant.
Merci Gladys, ravie que cela vous ai apporté une approche nouvelle.