Pratiquer la méditation avec ses enfants

Pratiquer la méditation avec ses enfants

Vous avez entendu parler de la méditation pour les enfants, et vous aimeriez initier vos enfants à cette pratique, mais vous ne savez pas comment faire.

Pratiquer la méditation avec ses enfants ne s’improvise pas. Dans cet article, vous trouverez la synthèse de la vidéo que j’ai donné lors du premier confinement. Mes conseils pratique pour bien démarrer, grâce à des exercices ludiques à faire en famille.

Le contexte

En tant qu’instructrice de méditation pour adultes et pour enfants, j’anime régulièrement des groupes pour permettre aux enfants d’acquérir des outils de pleine conscience au quotidien.

Toutefois, les parents sont souvent démunis face à ces pratiques qu’ils ne connaissent pas toujours.

Pour les aider à mettre en place cette pratique, j’ai écrit un livre : « Méditer avec ses enfants », aux Editions Jouvence. Un petit livre pratique avec toutes les bases, et des astuces de pratique dans chaque situation de la vie de parents (agitation, sommeil, émotions, confiance, etc).

Dans cet article, je vous donne des exemples pratiques et ludiques à mettre en place.

Pratiquer la méditation avec ses enfants, l’importance du mot « avec »

Vous remarquerez que le titre de cet article n’est pas « faire pratiquer la méditation à ses enfants », mais « avec ses enfants ».

En effet, il est important que les parents passent par l’expérience que les enfants vont connaitre. Ils seront ainsi dans une bonne compréhension de ce qui peut se passer quand on accepte de s’arrêter.

Les enfants sont très actifs, mais parfois les parents aussi. Apprendre ensemble ce que ça fait de s’arrêter, de le ressentir dans le corps, plutôt que de passer par la tête et de l’imaginer.

Tous les parents ont aussi besoin de savoir s’arrêter, pour écouter ce qu’il se passe en eux. D’autant plus quand ils sont avec leurs enfants, pour apprendre à être à l’écoute. Au lieu de chercher à rassurer son enfant ou à lui donner des conseils, ces pratiques d’écoute vont permettre d’écouter vraiment, et pas de chercher à répondre tout de suite.

Une attitude fondamentale : accueillir

Quand les parents installent la méditation pour leur enfant, ils sont souvent dans une attente. Ils cherchent à les calmer.

La pleine conscience, ce n’est pas chercher à obtenir un résultat mais accueillir ce qui est là. C’est difficile au début, à cause de la forte attente que vous pouvez avoir. Mais c’est la clef qui change tout.

Par exemple, lorsque votre enfant est agité, vous pouvez avoir tendance à lui demander de se calmer. Mais cela marche rarement, n’est pas ?

Pratiquer la méditation avec ses enfants vous invite plutôt à leur faire remarquer qu’ils sont agités : « Tiens tu remarques que ta jambe bouge ? », « Tiens, tu remarques que tu tapotes ton stylo sur la table ? ». Ce n’est pas pour leur demander d’arrêter, mais pour leur permettre de « prendre conscience ».

Ainsi, les enfants vont prendre conscience qu’il y a des moments où ils sont agités, et d’autres moments où ils sont calmes. C’est déjà une étape énorme et très importante.

Nous verrons dans les exercices ce que vous pouvez faire pour les inciter à prendre conscience de leur agitation.

Pratiquer la méditation avec ses enfants, en les écoutant vraiment

Submergés par le flot des activités du quotidien, les parents (et je les comprends) ont du mal à vraiment écouter leurs enfants.

Dans la pratique de la pleine conscience, quand on écoute, on écoute. On ne fait rien d’autre.

Ce n’est pas facile, parce qu’à la fin de la journée, quand vos enfants viennent vous raconter leur journée, vous avez aussi d’autres choses à faire : le repas, ranger, préparer leurs affaires.

Et vous avez l’impression de gagner du temps en faisant autre chose en même temps. Mais c’est souvent contre-productif. Plus vous écoutez vos enfants d’une oreille distraite, plus ils vont avoir tendance à vous solliciter pour attirer votre attention.

Prendre quelques minutes avec eux vous fera surement gagner du temps (contrairement à ce que vous vous imaginez). Prenez le temps de leur demander : « Alors comment s’est passé ta journée ? ». Vous pouvez aussi leur proposer « Tiens, racontes-moi le truc le plus sympa de ta journée ».

Si votre enfant n’a pas envie de raconter, ce n’est pas grave, mais vous pouvez en profiter pour partager un bon moment de votre journée : « Aujourd’hui, j’ai déjeuné avec une copine que j’aime beaucoup, on a bien rigolé, ça m’a fait du bien ».

Ne cherchez pas à raconter quelque chose pour obtenir que votre enfant parle, mais juste pour avoir un moment de partage et d’échange avec lui. Prendre ce petit moment d’espace entre la journée de travail/école, pour mieux s’écouter, c’est s’assurer que l’enfant va moins vous solliciter ensuite.

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Quels types d’exercices pour pratiquer la méditation avec ses enfants ?

Pour les enfants, la clef est la répétition. Il est donc important de leur proposer de faire un exercice plusieurs fois (leur proposer, pas leur imposer). Avant de vous donner des exercices à pratiquer voyons les règles pour bien les mettre en place.

Ne pas forcer

L’exercice doit être ludique, et l’enfant doit avoir l’impression de faire un jeu. Au lieu de lui parler d’exercices, proposez-lui « ça te dirait qu’on fasse un jeu pour que tu apprennes à être plus calme ? ». Il ne s’agit pas de les forcer, mais de les inciter doucement. Ne projetez pas vos désirs de parents à vouloir absolument un enfant sage qui ne bouge pas.

Les aider à remarquer

Au lieu de faire juste l’exercice, invitez-les à remarquer ce qu’il se passe en eux : « tu as remarqué comme tu peux être agité, mais comme tu peux aussi être calme ? »

Ne pas chercher à analyser

A l’issu de l’exercice, vous pouvez partager avec votre enfant ce que vous avez remarqué pendant l’exercice : « j’ai remarqué que j’avais envie de bouger, je l’ai senti dans mes doigts, et toi ? ». Mais ne cherchez pas à comprendre/analyser « ah mais pourquoi tu dis ça ? ».

Si vous faites une analyse, votre enfant aura l’impression d’être mis sous un microscope. Soyez juste à l’écoute de ce vous avez ressenti, vous, en faisant l’exercice, et partagez.

S’amuser

Les enfants aiment faire des choses ludiques, profitez-en pour installer des pratiques ludiques, et soyez créatif.

Pour cultiver l’attention, vous pouvez leur proposer de remarquer toutes les voitures rouges sur le chemin de l’école, par exemple.

La méditation pour les enfants utilise souvent plus d’image que la méditation pour les adultes.

Quelques exercices pour pratiquer la médiation avec les enfants

L’exercice de l’arbre :

Il suffit de s’imaginer que vous êtes un arbre, sentir les racines profondes (les pieds) qui s’enfoncent dans le sol, sentir le corps. S’imaginer que les bras sont les branches de l’arbre, et les mains sont les feuilles.

En essayant vraiment de sentir avec le corps : les sensations des pieds bien ancrés au sol, le contact sur la plante des pieds. Les sensations des bras en l’air et des muscles.

Et puis, vous pouvez imaginer qu’une petite brise vient agiter les feuilles, et les doigts se mettent à bouger doucement, mais pas le tronc.

Cela vous permet de développer la conscience du corps, la différence entre immobilité et agitation.

Les enfants aiment beaucoup cet exercice. Et le plus important : faites-le avec eux (et lisez bien les recommandations pour installer les exercices).

Le jeu de la statue

Ce jeu est très ludique pour les enfants, parce que vous le faites en même temps qu’eux. Ce sera à qui reste complètement immobile pendant quelques secondes. Pas le droit de bouger même le petit doigt.

Vous pouvez vous amuser à vous chronométrer : « yes, on a réussi à rester immobile pendant 20, 30, 40 secondes ». Inutile de chercher à faire des exploits, ce n’est pas le but.

Cela vous aide à remarquer que vous pouvez rester sans bouger, que vous n’avez pas besoin de toujours bouger. Et pour votre enfant, il comprend qu’il a la capacité à rester immobile. Le but n’est pas de l’empêcher de bouger, mais de lui permettre de savoir qu’il peut faire le choix de rester immobile.

Par ailleurs, votre enfant aura un petit challenge à relever (rester immobile) et cela le valorisera d’y parvenir.

Le corps tendu

Dans cet exercice, que vous allez faire avec votre enfant (vous allez voir comment c’est surprenant), vous vous allongez tous les deux sur un coussin ou un lit.

Puis progressivement vous allez contracter chaque partie du corps et la relâcher : le visage, les bras, les poings, les jambes. En restant concentré sur ce que vous ressentez, vous allez vous apercevoir ensemble de la différence entre contraction et relâchement. A la fin, vous pouvez rester un instant en essayant de rester complètement détendu.

Vous pouvez même vous apercevoir que certaines parties du corps restent un tout petit peu tendues à la fin de l’exercice. C’est un exercice qui est aussi intéressant pour les parents, parce que certaines parties du corps peuvent rester tendues une grande partie de la journée.

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Parfois on contracte la mâchoire sans s’en rendre compte, ou les épaules.

Un moment de douceur au coucher

Cet exercice est plutôt pour les enfants petits. Il est possible que les enfants plus grands n’aiment pas du tout.

Au coucher, prenez un moment pour faire des caresses sur le visage de votre enfant. Il va forcément concentrer son attention sur le ressenti de vos doigts. Ce sera un moment de calme et de douceur avant de s’endormir.

Pour les bébés, vous pouvez aussi juste les tenir contre vous, en respirant calmement et lentement. Ils sentiront le calme en vous, et vont se « synchroniser » avec ce ressenti.

C’est un super exercice à faire quand les bébés pleurent. Après vous être assurés que leurs besoins sont satisfaits (boire, manger, être propre), vous pouvez simplement les tenir contre vous et respirer profondément.

Souvent, en tant que parents, nous nous agitons quand un bébé pleure, et il le ressent. En restant simplement là, avec lui, et en accueillant ce moment vous allez moins vous agacer. Ce n’est pas facile, mais essayez juste d’accueillir ce moment, comme un autre moment.

Cela vous permettra aussi, en tant que parents, de remarquer comme c’est déstabilisant d’avoir un bébé qui pleure. Et de remarquer aussi toutes les émotions qui sont peut-être présentes.

Le jeu des verres d’eau

Ce jeu est super car vous pouvez le faire en famille. Vous devez vous passer un verre d’eau autour de la table, sans renverser. Au début le verre est à moitié rempli, puis vous ajouter de l’eau à chaque tout de table.

Et vous le remplissez jusqu’au bord.

Celui qui renverse le premier a un gage. Surtout choisissez un gage rigolo : faire un bisou, dessiner un dessin de mamie, etc.

Cela permet aux enfants de comprendre ce que signifie « être attentif », car pour eux, cette notion, c’est du chinois.

La météo

Ici on parle des émotions. Pour un enfant, l’image de la météo va l’aider à identifier les émotions, et de pouvoir les exprimer.

Vous pouvez en faire une activité avec des petits stickers qui représentent : le soleil, la pluie, la tempête, le brouillard, etc.

Au lieu de commencer par demander à votre enfant quelle est sa météo du jour, commencez par donner la vôtre : « Aujourd’hui c’est un peu le brouillard pour moi, et pour toi ? ».

Et surtout ne cherchez pas à rassurer votre enfant si la météo est pluvieuse, mais donnez lui plutôt l’exemple d’une journée qui a mal commencé pour vous, et qui a été mieux ensuite. Cela lui montrera que les émotions changent. En plus, si vous dites à votre enfant : « mais non t’es pas triste, ou ne sois pas triste ! », vous lui envoyez le message que c’est mal d’être triste, ou en colère. Pourtant toutes les émotions ont leur utilité.

Par ailleurs, j’attire votre attention sur le fait de vouloir changer les émotions. Je sais que c’est difficile de voir son enfant triste, ou en colère. Mais proposez-lui de l’aide, sans l’imposer : « est ce que je peux faire quelque chose ? ». Vous pouvez aussi consulter l’article « enfant énervé, dois-je le faire méditer ?« .

Le miroir

Un jeu très rigolo à faire à deux. Vous vous mettez face à face et vous bougez très très lentement, et l’autre doit faire pareil. Il faut juste définir qui bouge en premier, puis vous alternez.

Cela développe la concentration et l’attention.

En résumé

Pratiquer la méditation avec les enfants est une formidable aventure. Vous allez apprendre plein de choses ensemble sur les émotions, l’attention, l’écoute.

Soyez créatifs, et à partir des exemples que je vous ai donné, inventez d’autres pratique d’attention et de conscience. Par exemple, qu’est ce qu’on sent quand on court très très vite. Et faites toujours les exercices avec vos enfants, pour expérimenter comme eux.

Et si vous voulez aller plus loin, vous pouvez vous procurer mon livre « Méditer avec ses enfants », aux Editions Jouvence. Vous y trouverez :

  • Comment pratiquer avec les enfants, et les éléments essentiels pour comprendre comment faire.
  • Des conseils avec des thèmes : nuits agités, agitation, émotions, stress, confiance.
  • Et 7 méditations à retrouver en ligne.

Pour commander le livre, il vous suffit de cliquer sur le lien : « Méditer avec ses enfants » (vous pouvez aussi le commander chez votre libraire préféré.

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6 réflexions sur “Pratiquer la méditation avec ses enfants”

  1. J’aime beaucoup cette approche de la méditation qui n’est pas que la posture du Boudha introspectif et immobile. Cet angle avec les enfants est très pertinent et d’ailleurs pourrait s’appliquer à beaucoup d’adultes qui ont du mal à trouver le point d’équilibre du moment présent. Merci pour ce bel article et au plaisir de lire les suivants.

    1. Merci, Eric. Oui, je trouve que c’est important de pratiquer ensemble. c’est pour cela que j’ai voulu que mon livre s’appelle « méditer AVEC ses enfants ». au plaisir de se retrouver pour le prochain article. 🙂

  2. J’adore l’idée ! Outre le fait de les initier très tôt à cet hygiène de vie, je trouve génial l’idée de partager une telle activité « spirituelle » avec son enfant

  3. Je n’ai pas encore d’enfant, mais je fais de la méditation. Et cet article tombe bien, car je constate les bienfaits de cette discipline sur moi. Je me suis dit que mes futurs enfants doivent en faire. Mais je ne savais pas comment m’adapter à eux. Mais votre article m’a permis d’y voir plus clair. Merci 🙂

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