La vision du bonheur de Tchouang tseu

Le Bonheur selon Tchouang tseu

Voici la 3ème lecture de mon défi bonheur.

Pour cette troisième lecture, j’ai choisi le livre de Yu Dan « Le bonheur selon Tchouang tseu ».

Un livre sur le taoïsme transmis par Tchouang-tseu.

On connait peu de choses sur la vie de Tchouang-tseu, qui aurait vécu aux alentours de 275 avant JC. Le texte qu’il a écrit est considéré comme un classique en Chine.

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La version actuelle, remaniée par le taoïste Guo Xiang comporte 33 chapitres, divisés en trois parties.

Sous forme de fables et de contes, Tchouang-tseu nous enseigne comment aborder la vie et atteindre le vaste horizon.

Les contes sont des enseignements de sagesse, qui doivent nous aider pour mener une vie en accord avec le Tao. Il nous invite à nous transcender tout au long de notre vie.

L’horizon peut être vaste ou étroit.

Selon Tchouang-tseu, c’est notre horizon qui déterminera notre vision des choses et donc notre destinée.

Si nous avons un regard fait de jugements, de routines, notre horizon sera étroit. Nous pouvons être enchaîné par la pensées conventionnelle qui nous impose des limites, des normes, des règles, des usages.

Au lieu de jalouser les autres, nous devons plutôt nos interroger sur nos compétences, sur ce qui nous différencie des autres.

Ne pas nous attacher aux richesses et aux honneurs et les laisser pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des choses insignifiantes.

Nous devons cesser de nous quereller et plutôt apprendre à voir les fleurs au printemps, les plaisirs simples.

Se transcender.

Pour Tchouang-tseu, ce sont parfois de petites choses du quotidien qui nous mettent sur la voie du vaste horizon.

Savoir se poser et s’installer dans la solitude plutôt que de courir partout.

Pour illustrer cela, un petit conte :

Un homme souhaitait accrocher un tableau sur son mur. Mais le clou était trop petit pour le lourd tableau. Aussi il se met en quête d’une cheville en bois. Mais quand il trouve la cheville, celle-ci est trop grosse, il doit donc la couper. Pour cela il part à la recherche d’une scie. Mais quand il trouve la scie, celle-ci a besoin d’être affûtée. Le voilà donc parti à la recherche d’outils pour l’aiguiser. Et au bout du  compte il ne sait plus pourquoi il est parti.

Nous courons du matin au soir à nous affairer mais nous ne savons plus pourquoi.

Notre comportement va déterminer notre vie, et le chemin que nous prendrons.

Dans une même situation, chaque personne aura une appréhension différente selon son parcours, ses valeurs.

Tchouang-tseu nous parle de voyager loin, c’est-à-dire d’être toujours en mouvement, en progression, de continuer toujours à nous transcender.

Toutefois, nos valeurs de doivent pas nous amener à faire des jugements.

« Au printemps, cent fleurs, à l’automne, la lune, en été le vent léger, en hiver, la neige. Quand aucune préoccupation n’occupe le cœur, toutes les saisons de ce monde sont bonnes. » Poème bouddhiste.

Nous devons laisser partir les préoccupations pour voir le vaste horizon.

La loi du Tao, c’est la nature. (Ressentir l’énergie dans le monde)

Chacun doit parcourir son propre chemin, à son rythme, avec son expérience.

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Se connaitre soi même

Pour atteindre le bonheur selon Tchouang-tseu, il est nécessaire de se connaitre soi-même.

Nous avons chacun notre propre nature et nous n’avons pas à l’imposer aux autres, ni imposer nos schémas de pensée.

Nous sommes parfois bloqué par notre éducation et cela nous empêche de voir notre vraie nature.

Nous ne devons pas seulement écouter avec nos oreilles, mais aussi avec notre cœur et surtout avec le Qi, le souffle.

L’histoire de l’âne :

Son maître avait un petit singe qui grimpait sur le toit. Le maître était fier de montrer à tout le monde le petit singe qui grimpait sur son toit. Un jour, l’âne, qui voulait aussi avoir la reconnaissance de son maître, grimpa sur le toit. Et le maître le réprimanda sévèrement.

Nous ne devons pas chercher à nous conformer aux attentes d’autrui, aux modes. Nous devons plutôt nous conformer à notre propre nature pour nous façonner une existence à notre mesure.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Être soi-même, indispensable pour être heureux.

Se frayer une voie.

A travers ses histoires, « Le bonheur selon Tchouang-tseu » nous parle souvent de personnages laids ou difformes pour nous montrer que chacun peut se frayer un chemin. Ce ne sont pas nos talents ou compétences étalées, mais une force douce et concentrée qui nous permettent d’avancer.

Il nous faut admettre nos déficiences, nos faiblesses, pour nous permettre d’avancer. Nos entraves nous renvoient à nous-mêmes.

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La vie et la mort.

« Une vie pourra durer 100 ans, la mort sera toujours au bout. »

Selon Tchouang-tseu, la vie et la mort ne sont qu’une transformation. Il n’y a pas lieu de se réjouir de détenir la vie, mais pas non plus lieu de craindre la mort.

Le conte des deux frères :

Deux frères habitaient au 80ème étage d’une tour. Un jour ils rentrent chez eux, et constatent que l’ascenseur est en panne. Ils commencent leur ascension, et au 20ème étage, ils laissent leurs sacs, trop lourd à porter. Puis ils continuent en plaisantant, jusqu’au 40ème étage où ils commencent à se disputer. Arrivés au 60ème étage, ils constatent que cela ne sert à rien de se chamailler, et parcourent les derniers étages sereinement  et en paix. Arrivés au 80ème étage, ils constatent qu’ils ont laissé les clefs dans leurs sacs, au 20ème étage.

Tchouang-tseu fait un parallèle avec la vie : a 20 ans, on lâche certains rêves pour se construire une situation. Puis viennent les reproches, les disputes, les querelles. A 60 ans, on se dit que le soir de la vie doit être plus calme. A 80 ans, on se souvient qu’on a laissé ce à quoi on tenait le plus dans le sac de ses 20 ans.

Quel rêve avez-vous laissé dans le sac de vos 20 ans ?

Nous devons considérer la vie comme une traversée pour considérer la mort comme une continuité et la transcender.

L’important c’est la qualité de la flamme et pas le temps que le fagot met à brûler.

Le conte des 3 hommes et l’araignée :

Trois hommes observent une araignée qui grimpe le long d’un mur. L’araignée rencontre une goutte de pluie sur son chemin, et tombe. Elle recommence à grimper, et à chaque fois elle tombe.

Chacun des hommes y voit un parallèle avec sa vie :

  • Le premier homme : il s’affaire sans but, il grimpe et il retombe sans cesse.
  • Le deuxième homme : il n’y a pas qu’un chemin, je dois réorienter ma vie.
  • Le troisième homme : la persévérance de cette araignée, je dois m’en inspirer.

Nous avons chacun notre propre façon d’appréhender l’existence, et nos propres compréhensions de ce qui nous entoure.

Nous devons faire face aux situations de la vie avec tranquillité. Nous devons toujours nous interroger en questionnant notre cœur.

Le Tao : ni amour de la vie, ni horreur de la mort.

Ne pas craindre la mort, mais ne pas la rechercher. Le suicide peut prendre deux formes : la fin de la vie physique, et le désengagement (mort vivant).

S’adapter au monde en restant fidèle à soi-même.

Aujourd’hui, nous nous laissons facilement influencer par les discours extérieurs.

Nous devons rester fidèles à nous-mêmes, en nous adaptant au monde. Une nouvelle fois, Tchouang-tseu nous illustre cet exemple à travers une histoire.

L’homme et la cage vide :

Un jour, un homme reçoit la visite d’un ami qui lui dit : « si tu accroches chez toi une cage vide, tu peux être sur que d’ici quelques jours, tu te retrouveras à t’occuper d’un oiseau ». Mais il ne voit pas le lien, et lui dit que c’est faux. Son ami pari avec lui qu’il a raison, et le voilà avec une cage vide accroché chez lui.

  • Il reçoit un premier visiteur : « oh ton oiseau est mort ! tu dois être bien triste,, je peux t’en offrir un si tu veux !j »
  • Puis un deuxième visiteur vient le voir : « oh ton oiseau est mort, c’est que tu ne sais pas t’en occuper. Je vais t’offrir un livre sur les oiseaux. »
  • Puis un troisième visiteur : « tout le monde a vu ta cage vide, voici un oiseau et des graines »

L’homme finit par accepter l’oiseau. Voilà que son ami a gagné son pari. Et la prédiction se vérifia.

Parfois on peut perdre la force qui nous pousse à refuser de se laisser transformer. Le bonheur selon Tchouang-tseu, c’est rester fidèle à soi-même.

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Nature de l’homme et nature des choses.

En suivant notre vraie nature, nous ne nous laissons plus contrôler par l’extérieur. Avec les rôles que la société veut nous imposer nous ne savons plus qui nous sommes.

En nous libérant des entraves, des possessions, et des honneurs, nous pouvons suivre notre vraie nature.

Nous ne devons pas aller contre notre tempérament en voulant nous conformer aux désirs des autres. Comme l’étudiant qui fait plaisir à ses parents en renonçant à sa voie, pour choisir une formation qui plait à ses parents. Il faut nous alléger du doute, et croire en notre intuition, et notre vraie nature.

L’arc en bois de Santal :

Un homme possédait un magnifique arc en bois de Santal rouge. Pour le rendre encore plus beau, il demande à un sculpteur de façonner de magnifiques figures sur l’arc. Mais une fois que la sculpture est terminée, quand il veut se servir de l’arc, celui-ci se casse en deux.

Ne pas perdre du vue l’essentiel (nos dispositions naturelles) au profit des apparences.

Nous pouvons parfois être cassé comme cet arc et ne plus être capable de retrouver notre véritable nature.

Le menuisier et sa montre :

Un menuisier fit un jour un geste si brusque dans son atelier qu’il perdit sa montrer. Il se met à la chercher avec ses ouvriers, pendant des heures, mais ne la trouve pas. Le soir son fils rentre, et il retourne dan l’atelier. Au bout de quelques minutes il revient avec la montre. En restant au calme, il  a pu entendre le tictac de la montre et savoir où elle était.

Dans le tumulte, nous n’arrivons pas à trouver ce que nous cherchons.

Le silence nous aide à trouver vraiment les aspirations qui nous habitent.

Pour cela il faut du courage et de l’introspection.

Manière d’être et état d’esprit.

Notre état d’esprit détermine notre manière d’être au monde.

Le chercheur :

Un chercheur mena une expérience. Il plaça trois hommes dans le noir, et leur indiqua qu’ils devaient passer sur un tronc d’arbre en suivant ses instructions. Les 10 hommes passèrent sans problème. Puis il alluma une lumière et les hommes constatèrent que le tronc d’arbre était au-dessus d’un bassin rempli de crocodiles.

Le chercheur demande aux hommes de traverser à nouveau. 3 acceptent de passer, mais à quatre pattes ou allongés, sauf un qui passe debout. Puis il allume une lumière plus forte, et apparait un filet de protection qui empêche de tomber dans le bassin.

Il demande à nouveau aux 7 hommes de passer. 5 d’entre eux y parviennent, les deux derniers ne peuvent s’y résoudre, doutant de la solidité du filet.

Les apparences peuvent parfois nous empêcher d’agir.

La nature et le Tao.

« Tout finit par passer, les honneurs, les disgrâces, les splendeurs, les misères. Nous devons apprécier chaque instant à sa juste valeur. »

La petite souris :

Une fois une petite souris qui se trouvait trop petite, voulait découvrir l’essence du plus grand. Elle considéra que le ciel était ce qui était le plus grand. En allant voir le ciel, celui-ci lui dit qu’il avait peur des nuages, car ceux-ci le cachait. La petite souris décida donc d’aller voir les nuages. Mais ils avaient peur du vent, qui les chassait. Aussi la petite souris partit rencontrer le vent. Celui-ci lui dit qu’il avait peur des murs, qui le bloquaient. Alors la petite souris alla rencontrer un mur. Et celui-ci lui dit qu’il craignait les petites souris qui le grignotaient.

Nous devons cesser d’aduler des idoles, pour découvrir notre vraie nature, en notre propre cœur.

Il n’y rien que nous devions craindre ou rejeter.

Nous devons juste faire de tout notre cœur, et de toutes nos forces.

Et si nous devions nous souvenir d’une seule phrase : « notre vie est entre nos mains »

Les histoires inspirantes de ce livre sont pleines de sagesse.

Et comme je me suis engagée à suivre au moins une recommandation du livre, je retiendrai surtout que de fausses apparences nous empêchent parfois d’avancer. Et qu’il faut savoir suivre son intuition plutôt que de se conformer aux avis extérieurs.

Comment être heureux ? Retrouvez la synthèse de mes recherches dans cet article.

Et vous, dans « Le Bonheur selon Tchouang-tseu, quelle histoire vous a inspiré?

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2 réflexions sur “Le Bonheur selon Tchouang tseu”

  1. Pour faire plaisir à la famille, je me suis engagée dans la voie » tradition familiale  » , mais du plus profond de moi, il y avait un mal être ,quand j’ai compris que cela ne correspondait pas vraiment à ce que je voulais vivre ,alors , j’ai changé d’orientation, il a fallu beaucoup de persévérance , une remise à niveau complète , repartir de 0 , mais je sentais vraiment où je voulais aller , mon intuition et la fidélité à moi même m’y poussaient , il a fallu aussi se frayer un chemin, pousser la porte, oser, affronter le qu’en dira t- on?, faire abstraction du jugement des autres ….c’est la voie qu’il a fallu prendre pour y trouver un accomplissement , et surtout un véritable bonheur afin de pouvoir en donner aux autres , ce n’est pas être égoïste, ou se regarder le « nombril » ,que de ressentir cette fidélité à soi même …
    Comme Isabelle, alors, vous aussi, vous donnerez aussi du bonheur à qui sait vous lire , , j’attends vos échanges , vos partages, qui sont d’une grande richesse, ne me laissez pas seule….

    1. Merci Michèle pour ce témoignage touchant. Renoncer aux valeurs de la famille ne signifie pas renoncer à l’amour qu’on peut leur porter. Mais ce n’est pas toujours facile, et c’est un grand courage de votre part que d’avoir réussi à transcender cela. Ecouter son coeur, ne pas se laisser changer par le regard des autres, un des enseignement de Tchouang-tseu.
      Merci pour votre commentaire,
      A bientot,
      Isabelle

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